Éthique v. normes et règles

Dans la Harvard Business Review, M. Bibard offre un intéressant éclairage sur l’éthique : « Affaire complexe, l’éthique en entreprise ne peut se résumer à des règles et des normes ». De 2014, cet éclairage est toujours d’actualité !

Extrait :

Le terme d’« idéologie » semble un peu désuet pour caractériser la mode contemporaine pour l’« éthique ». C’est pourtant bien de cela qu’il s’agit. Cette « idéologie » prend la forme d’un éloge unilatéral des règles et des normes, des chartes et des certifications, etc. Or, jamais quelque règle que ce soit n’a suffi à garantir qu’un comportement ou une décision soit « éthique ». Si c’était le cas, on n’aurait pas besoin de parler d’éthique, on appliquerait les règles un point c’est tout. L’affaire Enron, qui désormais fait école, devrait l’avoir suffisamment montré. Mais l’idéologie a la vie dure. Il est essentiel de tenter de la dépasser pour éviter des déconvenues fortes au sein des entreprises.

(…) Cela veut dire qu’il faut vouloir le bien certes, mais qu’il faut le vouloir avec pondération en examinant le sens des règles qu’on veut appliquer par principe en fonction des circonstances où l’on se trouve. Il est évidemment essentiel, dans une économie mondialisée, de tenir compte de la variété des contextes socio-culturels où l’on travaille si l’on veut réussir à y entrer en relation.

(…) Le « vrai » lieu de l’exercice de l’éthique semble bien être là où Aristote le situe de toute évidence : il est « entre » les normes et les comportements, à partir desquels à chaque instant tout acteur doit arbitrer pour mener à bien son activité et prendre ses décisions. Le lieu par excellence de la responsabilité de l’homme est dans l’arbitrage à faire sans cesse entre ce que l’on sait faire spontanément (les comportements) et ce que l’on devrait faire selon la loi, les règles, qui se veulent sans appel. Or, l’adéquation entre normes et comportements n’est jamais gagnée d’avance, et on peut dire que l’homme, les acteurs, est et sont la responsabilité même de la tension irréductible entre ces deux pôles de l’action. L’« éthique » n’a rien d’héroïque, elle est infiniment plus exigeante. Elle revient à l’effort incessant d’être sage en situation. 

À la prochaine…

Ce contenu a été mis à jour le 12 octobre 2019 à 14 h 24 min.

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