Nouvelles diverses

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Discours sur l’état de l’Union : focus sur les enjeux socio-économiques et environnementaux (par Me Jean-Christophe Bernier)

Bonsoir à toutes et à tous, le blogue accueille Me Jean-Christophe Bernier qui revient sur le discours de l’Union.

Une fois par année, toujours en janvier, le président américain est invité par le Congrès (la Chambre des représentants et le Sénat) à lui adresser, ainsi qu’au reste de la nation, un discours portant sur son programme pour l’année en cours. Ainsi, hier soir, le président Barack Obama adressait, pour une dernière fois, un tel discours à ses compatriotes : le fameux discours sur l’état de l’Union. Bien que les États-Unis soient sujets à une éreintante campagne électorale, un tel discours représentait un évènement très particulier non seulement pour l’Amérique de demain, mais également pour le monde de demain. Il ne s’agissait pas strictement du dernier discours sur l’état de l’Union du premier président noir des États-Unis , mais bien le dernier discours d’un homme dont la présidence a été fortement marquée par de grands bouleversements auxquels il a su tenir tête. En effet, élu en plein cœur de l’une des plus grandes crises financières de l’ère moderne, le président Obama a su, malgré les intérêts contraires des deux chambres parlementaires, remettre l’économie de l’Amérique sur pied et lui donner de l’espoir pour les prochaines années.

 Ceci dit, il reste beaucoup à faire. En effet, tout au long de son discours, le président Obama n’a pas hésité à rappeler que de vrais défis attendent le prochain président et que celui-ci ne doit pas les négliger. Malgré le fait que l’Amérique semble être enfin sortie de la crise économique, le sort des classes moyennes et pauvres et les enjeux environnementaux demeurent très préoccupants. Souhaitant sensibiliser les décideurs de demain sur ces problématiques globales et sur les engagements qu’ils devraient prendre, le président américain a ainsi prononcé ces mots :

« None of this will happen overnight, and yes, there are plenty of entrenched interests who want to protect the status quo. But the jobs we’ll create, the money we’ll save, and the planet we’ll preserve — that’s the kind of future our kids and grandkids deserve ».

Désireux que les États-Unis prennent en main leur avenir, le président Obama a ainsi tracé les grandes lignes de ces deux problématiques et leurs impacts sur la réalité des générations futures. Il a ainsi rappelé aux Américains les forces de leur nation, soit son optimisme et son éthique de travail, son esprit de découverte et d’innovation, sa diversité culturelle et son engagement à demeurer un état de droit, présentant ici les outils d’accélération du changement.

Concernant les enjeux économiques, le président américain a rappelé que ce sont ces mêmes traits caractéristiques de la nation américaine qui lui ont permis de sortir de l’une des plus importantes crises financières. L’économie américaine doit continuer à avancer. Elle doit ainsi s’assurer que l’avenir de l’économie réside dans une chance équitable pour tous de bénéficier d’opportunités et de sécurité. Si l’économie est en profond changement depuis plusieurs décennies notamment quant à la délocalisation des entreprises et la compétition sur les marchés internationaux, les travailleurs et les petits investisseurs ne devraient pas être les seuls à en subir les aléas. Une responsabilisation des entreprises est de mise surtout quant à leur loyauté pour les communautés dans lesquelles elles œuvrent. Toutes devraient bénéficier d’une croissance économique, plutôt que seulement celles de grande taille. La négligence de ces acteurs amène une situation difficile pour bien des familles tentant de se sortir de la pauvreté, pour bien des jeunes entrepreneurs tentant de percer le milieu et pour bien des travailleurs tentant de planifier sans crainte une retraite pleinement méritée. Bien que cette situation ne soit pas propre aux États-Unis, le président a rappelé qu’elle s’attaquait au noyau même de l’économie américaine : la même chance pour tous. Pour contrer une telle situation, il a soutenu en parallèle que de profonds changements devront être apportés à l’encadrement des systèmes financiers pour que ceux-ci ne bénéficient plus exclusivement qu’aux plus importantes et aux plus riches entreprises.

Selon le président Obama, un secteur privé florissant demeure la base d’une économie solide, mais de grands changements doivent être apportés à son encadrement. En effet, il a précisé que ce ne sont pas les utilisateurs de timbres alimentaires (Food Stamps Recipients) qui ont causé la crise, mais bien l’imprudence des acteurs de Wall Street. Ainsi après des années d’accumulation de profits sur le dos des autres, il est grand temps que les banques, les entreprises pétrolières et les fonds de placement partagent leurs bénéfices avec les travailleurs et leur famille. Les conseils d’administration doivent cesser d’espérer le profit pour chaque trimestre, mais se dévouer à leurs fonctions pour obtenir des bénéfices à long terme pour tous. Dans cette nouvelle approche de l’économie américaine, les travailleurs et les petits investisseurs doivent avoir voix au chapitre.

« The rules should work for them. And this year I plan to lift up the many businesses who’ve figured out that doing right by their workers ends up being good for their shareholders, their customers, and their communities, so that we can spread those best practices across America »

Concernant les enjeux environnementaux, le président américain a soutenu que le changement serait le fruit d’une même énergie et d’un dévouement semblable à la résolution des problématiques économiques.

« Look, if anybody still wants to dispute the science around climate change, have at it. You’ll be pretty lonely, because you’ll be debating our military, most of America’s business leaders, the majority of the American people, almost the entire scientific community, and 200 nations around the world who agree it’s a problem and intend to solve it »

En effet, la situation n’étant plus au stade des constatations, certains engagements doivent être pris. Un aspect important de ce changement serait de développer des sources d’énergies propres. Ralliant l’enjeu environnemental à l’enjeu économique, le président Obama s’est demandé comment l’Amérique pourrait ne pas devenir le chef de file dans le développement et la commercialisation de ces prochaines sources d’énergies propres :

« But even if the planet wasn’t at stake; even if 2014 wasn’t the warmest year on record — until 2015 turned out even hotter — why would we want to pass up the chance for American businesses to produce and sell the energy of the future? ».

Le changement se traduirait également par l’abandon des autres sources d’énergies qui se veulent plus polluantes. Ses objectifs seraient aussi de faire assumer à l’industrie du pétrole et à celle du charbon les coûts qu’ils imposent aux Américains.

Ce discours sur l’état de l’Union n’est pas qu’une critique des dernières années, mais un message d’espoir pour l’avenir. Le prochain président doit se montrer digne de l’héritage du président Obama et soutenir, avec le même effort, l’arrivée des États-Unis dans le monde de demain. Le président américain a mentionné qu’il ne s’agissait plus de subventionner le passé, mais bien d’investir dans l’avenir. Il est clair que le Canada et ses provinces doivent suivre une telle approche et devenir plus efficaces de par leurs politiques économiques et environnementales. Toutes les nations entreront dans cette nouvelle réalité tôt ou tard, mais le Canada et ses provinces ne peuvent se permettre d’y entrer sans y être un joueur dominant.

À la prochaine…

Ivan Tchotourian