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Lanceur d’alerte ? Dénonciateur ? Délateur ? Poukave ? Le mouchardage fait-il partie des vertus civiques ?

Merci à Mme Isabelle Barth d’offrir ce bel article sur les lanceurs d’alerte : « Lanceur d’alerte ? Dénonciateur ? Délateur ? Poukave ? Le mouchardage fait-il partie des vertus civiques ? » (LinKedIn). Ce billet met parfaitement en lumière le particularisme français qui s’explique notamment par son histoire et la nécessité de changer les choses…


Morceaux choisi :

On peut donc voir la loi Sapin sur le statut des lanceurs d’alerte comme une véritable avancée. Même s’il y aura certainement des effets boomerang comme les fausses alertes, cette loi permettra de regarder, peu à peu, la dénonciation de façon beaucoup plus positive, et pas seulement de façon morale et affective.

On peut en effet espérer que cette loi aura un double effet : celui de protéger le lanceur d’alerte, et surtout la légitimation globale de la démarche. Dans le contexte difficile que la France connait, la dénonciation serait certainement une façon de se protéger de façon plus efficace de la menace terroriste.

(…)

Comment convaincre les Français d’évoluer en la matière ? Sans tomber dans un copié-collé brutal des pays anglo-saxons.

Tout d’abord, il faut se rappeler que le lanceur d’alerte (whistleblower en anglais) est une personne qui, témoin de comportements ou de situations pouvant mettre en danger des hommes, des équilibres, économiques ou environnementaux, va décider de les porter à la connaissance d’instances officielles et des medias. Le lanceur d’alerte fait les choses de manière désintéressée. Il y va de son engagement personnel, avec une prise de risque souvent très importante car il agit souvent contre l’avis de sa hiérarchie.

Ensuite, il faut apprendre à bien distinguer dénonciation et délation car l’amalgame est trop souvent fait. Le lanceur d’alerte dénonce, c’est-à-dire qu’il agit pour le bien commun, par sens civique. Il n’attend pas de récompense. Il prend des risques importants pour sa vie privée car sa tranquillité ne sera plus jamais la même. La délation est une toute autre démarche qui relève de la vengeance ou de l’intérêt, comme en effet, cela a été le cas dans la France de 39-45 où dénoncer des résistants ou des Juifs était souvent motivé par la possibilité de les spolier de leurs biens

Il faut aussi éduquer et ce, dès le plus jeune âge ! Comme pour beaucoup de sujets, faire évoluer les mentalités commence par la petite enfance. Les termes pèsent lourds : être un lanceur d’alerte est plus valorisant qu’un poukave …

Nous avons à construire une pédagogie pour dire STOP à des comportements répréhensibles ou mettant des tiers en danger physique ou moral. Car il faut apprendre à évaluer les situations et leur écart par rapport à ce qui est recommandé ou tenable.

Enfin, il faut aussi des dispositifs qui garantissent au lanceur d’alerte d’être soutenu dans sa démarche et qu’il y aura sanction du fraudeur, du harceleur, du gêneur … et non pas du dénonciateur.


 

À la prochaine…

Ivan Tchotourian