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Opioïdes : quelle RSE pour les pharmaceutiques ?

M. Gérard Fillion livre une belle réflexion sur l’irresponsabilité des grandes entreprises pharmaceutiques dans un article paru hier : « Opioïdes : l’avidité des pharmaceutiques » (Radio-Canada, 29 août 2019).

Extrait :

(…) Nous savons aujourd’hui que plusieurs pharmaceutiques ont fait croire à des milliers de médecins que les bénéfices des opioïdes étaient supérieurs à leurs effets néfastes. Elles ont sous-estimé les risques, notamment ceux associés à une dépendance marquée à ces médicaments. Des documents déposés en cour aux États-Unis montrent clairement que des entreprises savaient qu’il y avait des risques majeurs de dépendance.

Non seulement elles connaissaient les risques, mais elles ont fait fi des dangers pour encourager les médecins à prescrire toujours plus d’opioïdes. Le jugement rendu en Oklahoma en début de semaine est troublant.

(…) Au nom du profit, une crise épouvantable a été créée. C’est certainement la part la plus sombre de notre système économique.

À la prochaine…

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Une RSE et des visages nouveaux

Dans Fortune, je viens d’apprendre que la RSE prend de nouveaux visages et que les entreprises doivent donc s’adapter à de nouvelles problématiques. Pour en savoir plus, je vous conseille la lecture de l’article suivant : « Corporate Responsibility Is Taking On a New Meaning » (2 janvier 2019).

 

Doing the right thing in business is no longer synonymous with philanthropy. It now means investing in your people, future talent, environmental impact, and long term business priorities. In fact, in its newly released 2018 company rankings, JUST Capital emphasized how “just” companies are also very business-minded. Over the course of the year, companies ranked by JUST Capital consistently outperformed those not ranked. The JUST Capital ranking looks at what matters to Americans when it comes to corporate responsibility. While it was no surprise many of the attributes found in JUST 100 companies were also consistently talked about in 2018—equal pay, flexible work hours, a focus on diversity, a good showing of female leadership—what I found most interesting is what isn’t necessarily considered of top concern now.

 

Quelles sont les nouvelles orientations des entreprises en matière de RSE ?

  • Formation des salariés
  • Transparence
  • Sécurité des données
  • Engagement communautaire

 

À la prochaine…

Ivan

finance sociale et investissement responsable Nouvelles diverses

A surprising push by the invisible hand : why more companies are doing better by being good?

Bel article de Forbes intitulé « A surprising push by the invisible hand : why more companies are doing better by being good? » (10 décembre 2018) !

 

Cet article revient sur le comportement et les prises de position de plusieurs grandes entreprises américaines démontrant une chose : ces entreprises adoptent un comportement responsables sans nécessairement être contraintes de le faire par le droit.

 

À la prochaine…

Ivan

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La RSE : un vrai rôle pour l’entreprise

Sur e-RSE, nos lectrices et lecteurs trouveront une analyse originale de la place de la RSE dans les entreprises : « Le garde-fou de l’entreprise, c’est le département RSE ».

 

Au fur et à mesure que la RSE s’intègre dans le modèle de développement de l’entreprise, elle devient donc à la fois un garde-fou et un guide, dont les analyses doivent peser sur les décisions à toutes les échelles de l’entreprise. Mais ça, bien sûr, c’est la théorie. Car en pratique, la RSE reste encore aujourd’hui trop confinée à son rôle le plus basique : la gestion comptable des indicateurs RSE.

 

À la prochaine…

engagement et activisme actionnarial Gouvernance normes de droit Nouvelles diverses

Proposition actionnariale en matière de RSE : quand cela n’intéresse pas la direction…

Diane Bérard propose un billet de blogue bien intéressant sur une proposition actionnariale faite auprès de Couche Tard visant le reporting extra-financier : « Couche-Tard refuse qu’on lui impose sa responsabilté sociale » (Les affaires, 30 août 2018). Une belle réflexion sur la RSE et le mécanisme des propositions…

 

Extrait :

Le 20 septembre prochain, deux actionnaires de longue date de Couche-Tard, Bâtirente, le gestionnaire de fonds de retraite de la CSN, et PGGM, un gestionnaire de fonds de retraite néerlandais, présenteront une proposition conjointe lors de l’assemblée annuelle de l’entreprise.

Cette proposition concerne la reddition de comptes sur les enjeux sociaux, environnementaux et de gouvernance (ESG). Les actionnaires souhaitent une meilleure communication, davantage de transparence et des indicateurs extra-financiers reconnus par des organisations internationales. Ils citent le Taskforce on Climate-related disclosure.

(…) Dans la circulaire de sollicitation de procuration, l’entreprise réaffirme «son sens éthique, sa transparence et ses bonnes pratiques en matière de gouvernance».

Elle affirme aussi se conformer aux lois et règlements environnementaux dans les pays où elle exerce des activités. Et travailler à réduire son empreinte environnementale et améliorer son rendement en matière de durabilité.

En matière de responsabilité sociale (RSE), l’entreprise «évalue différentes options et communiquera lorsqu’elle aura déterminé l’approche qui lui convient le mieux.» Elle ajoute qu’elle traitera cette demande comme tout autre projet, soit en fonction du rendement sur le capital investit.

Ce qui étonne toutefois, c’est la faiblesse des arguments qui constituent l’explication du refus de la proposition de Bâtirente et de PGGM.

 

À la prochaine…

engagement et activisme actionnarial Gouvernance Normes d'encadrement Nouvelles diverses

Nos étudiants publient : “Volkswagen : quelle leçon ?” Retour sur un texte de Philippe Cornet (Billet d’Anne-Sophie Comtois)

Le séminaire à la maîtrise de Gouvernance de l’entreprise (DRT-7022) dispensé à la Faculté de droit de l’Université Laval entend apporter aux étudiants une réflexion originale sur les liens entre la sphère économico-juridique, la gouvernance des entreprises et les enjeux sociétaux actuels. Le séminaire s’interroge sur le contenu des normes de gouvernance et leur pertinence dans un contexte de profonds questionnements des modèles économique et financier. Dans le cadre de ce séminaire, il est proposé aux étudiants depuis l’hiver 2014 d’avoir une expérience originale de publication de leurs travaux de recherche qui ont porté sur des sujets d’actualité de gouvernance d’entreprise. C’est dans cette optique que s’inscrit cette publication qui utilise un format original de diffusion : le billet de blogue. Cette publication numérique entend contribuer au partager des connaissances à une large échelle (provinciale, fédérale et internationale). Le présent billet est un billet de synthèse d’un article de presse (« Affaire VW : quels enseignements pour les actionnaires et investisseurs ? » de M. Cornet) réalisé par Mme Anne-Sophie Comtois. Cette dernière s’interroge sur ce que cette affaire a comme conséquence pour les actionnaires et les investisseurs.

Ivan Tchotourian

 

Le scandale de l’Affaire Volkswagen a généré de nombreuses remises en question du rôle de plusieurs des acteurs importants dans la compagnie. En effet, l’impact de ce scandale sur la réputation de l’entreprise permet de mettre en contexte l’évolution des responsabilités encourue par les actionnaires et les investisseurs dans l’entreprise, mais aussi sert de récit édifiant pour tous. Le texte de Philippe Cornet[1] sur le sujet fait ressortir certains de ces enjeux et qui viennent mettre en relation les différents acteurs et leurs actions qui ont fait en sorte que la tricherie des émissions polluantes a pu perdurer aussi longtemps que possible et pourquoi le système en place ne restreint pas les entreprises du domaine automobile à changer leurs pratiques. Effectivement, les acteurs affectés par le scandale, en particulier les actionnaires et les investisseurs, auraient dû être plus à l’affût des opérations de Volkswagen et de la disparité entre les résultats de la compagnie et ceux des tiers partis. Leur participation est nécessaire pour garantir que l’entreprise détient une responsabilité sociale efficace.

 

Du côté des actionnaires, avoir une attitude plus activiste, ou du moins plus impliquée dans les actions des sociétés où ils détiennent des actions, permettrait un meilleur contrôle sur les décisions du conseil d’administration[2]. La tricherie des émissions polluantes a été possible parce qu’aucun actionnaire n’a été assez impliqué pour demander des explications quant aux politiques de Volkswagen et, encore moins, pour être conscient de ces actions potentiellement dommageables. La participation des actionnaires aurait permis une meilleure transparence chez Volkswagen[3]. Mais, les actionnaires ne sont pas les seuls à devoir s’assurer du bon usage des sommes qu’ils ont investi dans les entreprises. En effet, les grands investisseurs sont eux aussi responsables de surveiller et d’exiger une bonne éthique (et RSE !) de la part des entreprises (notamment de Volkswagen). Ces derniers ont l’avantage d’avoir plus d’influence sur l’entreprise que les actionnaires qui ne possèdent souvent qu’une petite fraction des actions. La réputation de l’entreprise a potentiellement été entachée par ce scandale… une situation indésirable pour ceux-ci qui leur est préjudiciable à plusieurs titres[4].

 

Ensuite, M. Cornet revient sur les tests mondiaux qui n’ont pas les mêmes exigences. Bien qu’il soit idéal (mais peu probable) d’avoir un barème commun pour toutes les régions du monde où les automobiles évoluent, les actionnaires et les investisseurs pourraient réclamer a minima la mise en place d’un barème avec de plus hauts standards qui seraient relativement conforme aux différentes zones géographiques. L’innovation dont Volkswagen devrait dorénavant faire part est un autre aspect sur lequel les actionnaires devraient se montrer exigeants[5]. En effet, la vision à court terme des actionnaires les empêche trop souvent de se soucier des agissements de sociétés, car des résultats immédiats sont souvent une nécessité immédiate pour les investisseurs[6]. Parce que les actionnaires ne détiennent leurs actions dans une société que pour peu de temps (généralement moins qu’un an), ceux qui en détenaient chez Volkswagen n’ont pas prêté une attention suffisante à la gestion de Volkswagen. Une vision à long terme des actionnaires permettrait une meilleure politique interne.

 

Finalement, M. Cornet aborde le sujet de la législation. Le rôle des législateurs quant à la RSE est encore faible. Si des lois existent, les sanctions sont parfois faibles ou inexistantes. Renforcer les lois pour éviter une autre situation comme celle de Volkswagen serait idéale pour dissuader les constructeurs automobiles à tricher sur leurs rapports d’émissions. Il n’en reste pas moins que les acteurs de la gouvernance les mieux placés pour faire bouger les choses sont présentement les actionnaires et les investisseurs qui ont un grand pourvoir de persuasion sur les CA des entreprises. Il leur faudra par contre changer leurs attentes de toucher des profits immédiats et abandonner parallèlement leur passivité face aux décisions du CA. Une plus grande responsabilité de leur part pourra faire en sorte que Volkswagen ne reproduira pas une erreur de ce genre.

 

Anne-Sophie Comtois

Étudiante du cours de Gouvernance de l’entreprise – DRT-7022


[1]Philippe Cornet, « Affaire VW : quels enseignements pour les actionnaires et investisseurs ? », 2015.

[2] Bruno Amann et al.. « Shareholder Activism for Corporate Social Responsibility : Law and Practice in the United-States, Japan, France and Spain », The New Corporate Accountability, dans Doreen McBarnet et al., Cambridge, Cambridge University Press, 2007, p. 336, à la p. 341.

[3] Deloitte, « Participation des actionnaires : Une nouvelle ère de gouvernance d’entreprise », Avis du centre de gouvernance d’entreprise, 2013.

[4] Pierre-Luc Trudel, « Quand les régimes de retraite influencent la gouvernance des entreprises », Avantages, 28 juin 2016, p. 12.

[5] Bruno Amann et al.. « Shareholder Activism for Corporate Social Responsibility : Law and Practice in the United-States, Japan, France and Spain », The New Corporate Accountability, dans Doreen McBarnet et al., Cambridge, Cambridge University Press, 2007, p. 336, à la p. 343.

[6] Yvan Allaire, « La démocratie et le droit de vote des actionnaires », Propos de gouvernance…et autres, Montréal, Presse Forstat International, 2007, à la p. 95.

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Je mange donc je suis ?

Cet adage connu par plusieurs connait une certaine popularité au Québec depuis quelques années. En effet, il semble que plusieurs se questionnent sur leur alimentation et l’impact que celle-ci peut avoir sur la planète, autant au niveau éthique qu’environnemental. Plusieurs livres[1] se sont d’ailleurs penchés sur la question. Il n’est plus possible d’ignorer que notre alimentation et nos choix ont un impact direct sur l’environnement. Que ce soit le bio, l’achat local, le végétarisme ou le mouvement végane, il n’est plus possible de passer outre que notre alimentation est politique.

Mais, exactement, quel est l’impact de l’agriculture et de l’élevage sur l’environnement? Au niveau mondial, l’agriculture, la foresterie et l’utilisation des sols représentaient 24% (selon des données de 2010) des émissions de gaz à effets de serre (GES) au niveau global[2]. Les émissions de gaz à effet de serre de ce secteur proviennent principalement de l’agriculture (culture et élevage) et de la déforestation. Cette estimation n’inclut pas le CO2 que les écosystèmes retirent de l’atmosphère en supprimant le carbone dans la biomasse, les matières organiques mortes et les sols, ce qui compense habituellement environ 20% des émissions de ce secteur[3]. La production de bétail représente à elle seule 14,5%.

De plus, en 2016, l’Administration nationale océanique et atmosphérique des États-Unis (US National Oceanic and Atmospheric Administration) a annoncé la plus grande «zone morte» (dead zone) jamais enregistrée dans le golfe du Mexique, causée par la culture extensive de soja et de maïs dans la région pour nourrir les fermes d’élevage. Qu’est-ce qu’une « zone morte »? Les zones hypoxiques[4] sont des zones dans l’océan où la concentration en oxygène est si faible que la vie animale s’étouffe, et donc meurt. Voilà pourquoi ces zones hypoxiques sont appelées « zone morte». L’une des plus grandes zones mortes se forme chaque année dans le golfe du Mexique. Chaque printemps, les agriculteurs fertilisent leurs terres en se préparant à la saison des récoltes, la pluie lave les engrais de la terre qui se retrouvent ainsi dans les ruisseaux et les rivières causant ainsi ses zones hypoxiques.

L’IATP (l’Institut pour l’agriculture et les politiques de commerce) est un groupe de réflexion américain qui travaille localement et globalement à l’intersection de la politique et de la pratique afin d’assurer des systèmes alimentaires, agricoles et commerciaux équitables et durables. Bien qu’il soit de plus en plus évident que l’agriculture de protéine animale a un impact néfaste sur l’environnement, le dernier rapport[5] de l’IATP a l’effet d’un coup de poing. En effet, leur dernière recherche démontre que les émissions totales de gaz polluants générées par les cinq plus grosses opérations fermières de la planète sont plus importantes que celles produites par une ou l’autre des principales pétrolières. Si aucune action n’est entreprise par les gouvernements et autres acteurs, les émissions pourraient passer de 14% de toutes les émissions actuelles à 81% des émissions en 2050. Ainsi, les émissions produites par l’industrie laitière et l’élevage  doivent être abordées et traitées afin de pouvoir atteindre les objectifs de l’Accord de Paris (voir l’image).

Farm Animal Investment Risk & Return (FAIRR[6]), lancé en 2016, est un engagement collaboratif afin d’encourager les grands fabricants et détaillants de produits alimentaires à diversifier leurs sources de protéines. FAIRR a identifié 16 entreprises alimentaires mondiales, à la fois des fabricants et des détaillants, avec lesquels ils ont commencé des dialogues d’engagement. Ces entreprises ont été sélectionnées en fonction de leur exposition aux chaînes d’approvisionnement en protéines animales et de leur sensibilité aux tendances de consommation.

Autre bonne nouvelle? En 2017, les ventes d’alternatives végétales aux protéines animales ont progressé de 8,1%. Les produits à base de plantes, tels que le lait de soja et d’amande, représentent désormais 10% du marché global des produits laitiers. La génération des milléniaux semble sensible aux questions en lien avec les protéines animales puisque 30% d’entre eux mangent des sources alternatives de protéine sur une base quotidienne.

Ainsi pour ceux qui sentent que leur portefeuille n’est pas le meilleur vecteur de changement en ce qui concerne les émissions de GES en lien avec l’agriculture, je vous invite à consulter les livres d’Élise Desaulniers « Le défi végane 21 jours » ou même participer directement au défi.  Bien que l’alimentation de chacun soit foncièrement personnelle, les impacts que celle-ci a se ressentent sur toute la communauté, vois la planète. Sans vouloir vous convertir à un certain régime, certains ont trouvé cette expérience positive. Certains participants semblaient mentionner avec étonnement[7] l’omniprésence de produits animaux dans ce que l’on consomme et ainsi pouvoir envisager tout le travail qu’il y a faire si l’on veut diminuer les émissions de GES en provenance de protéines animales.

L’investissement responsable est partout…même dans notre assiette!

Bonne lecture,

Julie


[1] Pour en savoir plus sur la question, ici

[2] Pour le résumé du rapport et le rapport complet, c’est ici.

[3] Pour en savoir plus sur l’initiative, c’est ici.

[4] Je m’inclus dans ces participants puisque j’ai été un des participants du premier défi végane.

[5] Pour en nommer que quelques uns : « Voir son steak comme un animal mort » (Martin Gibert), «  Je mange avec ma tête » et « Vache à lait » (Élise Desaulniers), « Plaidoyer pour les animaux » (Matthieu Ricard).

[6] IPCC (2014); basée sur les émissions globales de 2010. Les details sur les sources et les estimations se retrouvent dans “Contribution of Working Group III to the Fifth Assessment Report of the Intergovernmental Panel on Climate Change”.

[7] FAO (2014). Agriculture, Forestry and Other Land Use Emissions by Sources and Removals by Sinks.(89 pp, 3.5 M, About PDF) Climate, Energy and Tenure Division, FAO.