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Des rémunérations trop court-termistes ?

L’IGOPP livre une belle tribune au journal Le Monde revenant sur l’aspect trop financier des rémunérations des dirigeants : « « Les modes de rémunération des dirigeants » sont « arrimés à des mesures strictement financières » de court terme ». Les auteurs en profitent pour critiquer la politique du rachat d’actions.

 

Lors du dernier exercice financier complété, près des trois quarts des sociétés du CAC40 ont procédé à un rachat d’actions. Ces rachats, pour une valeur de quelque 10,7 milliards d’euros, représentaient en moyenne 23 % des bénéfices annuels de ces sociétés. De même, 75,6 % des entreprises américaines du S & P500 ont racheté des actions au cours du quatrième trimestre 2015, selon FactSet.

Plusieurs raisons sont généralement invoquées pour justifier un rachat d’actions :

– La société estime qu’au prix actuel, son titre est sous-évalué et qu’il représente donc une aubaine ; du moins ce serait le message que la direction souhaite communiquer aux investisseurs. Cet argument semble peu plausible, puisque l’on constate que ces rachats surviennent souvent lorsque le titre se négocie à un prix proche du sommet du marché boursier (William Lazonick, Harvard Business Review, 2014) ;

– Les marchés financiers accordent une énorme importance au bénéfice par action (BPA) et à sa croissance. Or, il est possible de provoquer une hausse du BPA en réduisant le dénominateur, c’est-à-dire le nombre d’actions en circulation. Ainsi, en affectant une part importante de la trésorerie au rachat d’actions, la direction espère faire mousser (ou soutenir) le prix du titre de la société.

Je n’ose vous rappeler chères lectrices et chers lecteurs que j’ai eu l’occasion de commenter le rachat d’actions et d’y apporter une analyse quelque peu réservée : « Rachat d’actions: cul-de-sac pour les entreprises? » (Blogue Contact, 15 avril 2016)

Le rachat d’actions par les grandes entreprises (stock buybacks) est une pratique en hausse de plus en plus commentée dans la presse spécialisée. Pour preuve, ce dernier article parut dans Lesaffaires.com du 10 avril 2016: «Wall Street dorlote ses actionnaires à coup de milliards». Ou encore, le fait que 24/7 Wall Street se soit amusé à classer les 18 entreprises américaines qui allaient dépenser le plus d’argent dans leur politique de rachat d’actions en 2016.

 

À la prochaine…

Ivan Tchotourian

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De si chers P-DG

Le journaliste de Le Monde Philippe Escande propose une synthèse critique sur la thématique de la rémunération des hauts dirigeants : « De si chers PDG ».

 

Combien vaut un patron ? 450  000 euros par an, plafond fixé par le gouvernement français dans les entreprises publiques, ou 7,2 millions, comme dans le cas du PDG de Renault, Carlos Ghosn, ou encore 17 millions pour le PDG de BP ? Le sujet est vieux comme le capitalisme. Le banquier John Pierpont Morgan, à la fin du XIXe siècle, estimait raisonnable un écart de 1 à 20 des salaires à l’intérieur d’une entreprise. Un peu plus tard, Henry Ford rehaussait la barre à 40. Il n’est plus inhabituel, désormais, de trouver dans de grandes sociétés anglo-saxonnes des patrons gagnant mille fois plus que leurs employés de base.

À la prochaine…

Ivan Tchotourian

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Alcatel-Lucent : la suite du dossier de la rémunération

Voilà un beau dossier à suivre : la rémunération de M. Combes suite à son départ d’Alcatel-Lucent vers Altice. Les conditions de ce départ ont suscité une polémique depuis que le Journal du dimanche a révélé que Michel Combes pourrait engranger d’ici 2018 l’équivalent de 13,7 millions d’euros, pour l’essentiel en actions, alors qu’il n’était aux commandes du groupe que depuis deux ans (ici). Dans son article Les Échos « ALCATEL-LUCENT : L’AMF très critique sur les indemnités de Combes, va enquêter », l’AMF a déclaré qu’elle allait enquêter sur les conditions de versement de la rémunération pour vérifier s’il n’y avait pas d’irrégularités. Intéressante situation où l’AMF et le MEDEF semblent à l’hunisson, reste à savoir ce qu’il va advenir de ce dossier…

Aujourd’hui d’ailleurs, le ministre de l’Économie a réagit (il s’était déjà montré très critique la veille !) sur le dossier (ici) :

Toujours selon son entourage, le ministre de l’Économie a « souhaité que le Haut Comité sur le gouvernement d’entreprise (HCGE) et l’Autorité des marchés financiers rendent des avis sur les conditions de son départ et qu’Alcatel Lucent puisse en tirer les conséquences ». Le ministre de l’Économie a demandé dès lundi au HCGE, une instance mise en place par le Medef et l’Afep (Association française des entreprises privées) de se saisir de ce dossier.

À la prochaine…

Ivan Tchotourian