responsabilisation à l’échelle internationale

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Pourquoi et comment la finance doit revenir à plus de responsabilité ?

Bel article de Christophe Revelli « Pourquoi et comment la finance doit revenir à plus de responsabilité ? » relayé par le site du RIODD. Une belle tribune sur la nécessité de mieux faire de la part du monde financier. Les juristes ont ici toutes leurs parts à jouer !

 

La crise des subprimes de 2008 a remis en lumière (après les crises de la fin des années 1990–début 2000) que la finance ne jouait plus le rôle initial qu’elle devrait jouer : financer l’économie réelle. La nouvelle stagnation séculaire qui a succédé à la crise financière n’a fait qu’accentuer le chômage de masse, la précarisation des sociétés, l’endettement public et privé. Au final, seules les banques ont profité des sauvetages publics pour se relancer et mettre en avant un peu plus le célèbre dicton « privatiser les profits, socialiser les pertes ».

Les économies de marché sont aujourd’hui exclusivement fondées sur un modèle néo-libéral qui réduit toute activité humaine à un simple calcul économique favorisant la création de valeur actionnariale à court terme. L’origine est à en rechercher dans la libéralisation financière avec la mise en place des principes de concentration bancaire (principe du too big to fail), de titrisation, de finance de l’ombre via les marchés non réglementés et les paradis fiscaux (principe du shadow banking) et de hausse des transactions spéculatives via notamment le développement technologique (type trading haute fréquence).

Parmi l’ensemble des flux financiers générés dans le monde, 90 % des flux financiers sont purement spéculatifs et n’ont aucun impact sur l’économie réelle en termes d’investissement et de distribution de richesses. La conséquence de cette libéralisation est que le poids du shadow banking représente aujourd’hui 120 % du PIB mondial c’est-à-dire environ 80 000 milliards de dollars US selon le Financial Stability Board.

La croissance la plus forte est observée dans les pays émergents (Chine notamment) qui adoptent donc les mêmes méthodes que les pays développés, reproduisant ainsi les erreurs du passé. L’ensemble de ces activités de shadow banking s’inscrit de plus dans un risque systémique puisque ses acteurs sont interdépendants entre eux et avec le système bancaire international. Au final, environ 50 % des flux financiers internationaux de capitaux transitent par les paradis fiscaux.

Ce phénomène d’évaporation ou d’évasion fiscale condamne les États à emprunter massivement pour assurer leur politique budgétaire et donc dépendre d’un système de financement privé qui contraint les économies plutôt que de les servir (à titre d’exemple, depuis le début de la libéralisation financière, la dette publique de la France est passée d’environ 5 % en équivalent PIB au début des années 1980 à quasi 100 % aujourd’hui).

Comme le confirment également de récentes études, ce phénomène de concentration de richesses engage que 1 % de la population détient 50 % des richesses mondiales, que 80 familles dans le monde détiennent autant que 3,5 milliards d’êtres humains… Ce système de creusement des inégalités s’est ainsi répandu dans toutes les composantes de la société et des sphères économiques, où inexorablement, en bout de chaînes, les TPE/PME dépendent des grandes sociétés cotées régies aux marchés financiers et au dictat du cours boursier.

Cet autoritarisme engage donc que toutes les composantes et parties prenantes de l’entreprise, y compris l’environnement doivent œuvrer dans le seul but de servir la cause de la création de cash à court terme pour satisfaire l’appétit des actionnaires. Certes, l’actionnaire doit être rémunéré pour son risque (selon le bénéfice généré par l’entreprise), mais cela ne doit pas empêcher le développement humain de l’ensemble des parties prenantes de l’entreprise. En cela, il est nécessaire de revenir à des modèles où la finance reprend sa place initiale, c’est-à-dire financer l’économie réelle et les tissus d’entreprise pour un développement social et humain plutôt que de se financer elle-même.

(…) Il est urgent de ralentir, de revenir à plus de frugalité, de responsabilité et de replacer l’homme au centre de l’économie.

 

Je vous laisse découvrir la suite…

 

À la prochaine…

Ivan Tchotourian