Placement ESG : un rappel judicieux

Intéressant article dans Le Temps consacré à la financiarisation de la RSE : « Les placements ESG allient recherche du profit et valeurs individuelles » (6 juillet 2020). Une belle synthèse !

Extrait :

En 2019, selon l’association sectorielle Swiss Sustainable Finance, quelque 1163 milliards de francs ont été investis de façon durable en Suisse, soit une hausse de 62% par rapport à l’année précédente. Cela démontre que les investisseurs actuels se soucient de savoir où va leur argent. Ils aspirent à générer des rendements solides avec leur patrimoine tout en assumant leur responsabilité sociale et en contribuant ainsi à rendre notre monde un peu meilleur.

L’une des options pour y parvenir réside dans les placements durables, associés fréquemment aux trois lettres E, S et G, soit ESG. A cet égard, les entreprises dans lesquelles il s’agit d’investir sont passées au peigne fin. Qu’en est-il du facteur E comme «environnement»? Comment abordent-elles concrètement les questions écologiques? Comment gèrent-elles le S, à savoir les aspects sociaux, à l’interne comme à l’extérieur? Et à quoi ressemble le G comme «gouvernance», soit la gestion de l’entreprise?

Par le biais de critères fondés scientifiquement, il est possible de mesurer et d’évaluer les performances correspondantes des entreprises. Les investisseurs peuvent ainsi savoir si leurs investissements sont en adéquation avec leurs valeurs personnelles et s’ils ont un impact positif, notamment en fonction des 17 Objectifs de développement durable de l’ONU (ODD). C’est précisément parce que les placements durables responsabilisent les entreprises qu’ils fournissent une importante contribution à l’atteinte desdits objectifs.

(…) Ce dernier a d’ailleurs encore gagné en importance en raison de la pandémie de Covid-19. Actuellement, les Etats encouragent assidûment la recherche d’un vaccin. Auprès des investisseurs, les placements durables connaissent précisément un essor sans précédent. Karsten Güttler, Senior Sustainable Investment Specialist chez UBS Asset Management: «Durant le premier trimestre de cette année, les fonds à orientation durable ont attiré un niveau record de capitaux sur les marchés mondiaux, même lorsque ceux-ci se trouvaient sous le joug de la pandémie. Les fonds durables mondiaux ont connu un afflux de quelque 50 milliards de dollars, tandis que, selon Morningstar, l’univers de fonds plus large a enregistré un assèchement de l’ordre de 400 milliards de dollars.»

Cette tendance est due à deux facteurs: «Les données du marché illustrent que les indices ESG tels que le MSCI SRI global et l’ACWI ont réalisé des rendements ajustés au risque supérieurs à ceux de leurs pendants traditionnels sur trois et cinq ans», explique Karsten Güttler. Il est également possible de mieux exploiter les opportunités à long terme, notamment en misant sur des placements durables ou des investissements liés aux 17 Objectifs de développement durable. «Si l’on saute dans le train à temps, on a des chances de réaliser des bénéfices. Davantage que dans les secteurs en stagnation à faible potentiel de croissance.» En associant croissance et durabilité, on crée une plus-value pour les investisseurs comme pour la société dans son ensemble.

L’excellente rentabilité des placements durables est illustrée par la comparaison de l’indice S&P 500, qui regroupe les actions des 500 principales entreprises américaines cotées en bourse, et du KLD 400. Le KLD 400 reflète le développement des entreprises américaines présentant un meilleur profil ESG. Karsten Güttler: «Le KLD 400 l’emporte haut la main, comme en témoigne l’analyse de 1990 à nos jours. Et cela était déjà le cas bien avant que la thématique ne devienne monnaie courante.» Le KLD 400 englobe environ 250 actions du S&P 500, une centaine d’autres entreprises importantes non listées dans le S&P 500, ainsi qu’environ 50 sociétés qui se distinguent par un profil social soutenu.

Pour les investisseurs, il n’a donc jamais été plus judicieux de placer leur argent durablement et d’intégrer ce faisant les critères ESG dans le processus de décision. Attention toutefois: miser exclusivement sur des entreprises au bilan ESG favorable ne suffit pas. «Investissez également dans les changements positifs en matière de développement durable, conseille Karsten Güttler. Même si cela paraître illogique de prime abord, vous bénéficiez ainsi d’un outil performant attrayant financièrement et qui réalise une plus-value sociale maximale, étant donné qu’il intègre l’ensemble des sujets économiques.»

Autre facteur important: en tant qu’individu, on ne peut pas déplacer des montagnes avec son droit de vote. En investissant dans un fonds, en revanche, toutes les forces sont concentrées et s’érigent tel un puissant glaive des investisseurs. «Cela fait la différence.»

À la prochaine…

Ce contenu a été mis à jour le 10 décembre 2020 à 17 h 06 min.

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