Structures juridiques | Page 3

Nouvelles diverses Structures juridiques

Quelle responsabilité pour les entreprises ?

Le magazine The Economist publie en septembre un numéro consacré au gigantisme des sociétés par actions et à la tendance au regroupement qui se développe depuis quelque temps : « A giant problem ».

 

DISRUPTION may be the buzzword in boardrooms, but the most striking feature of business today is not the overturning of the established order. It is the entrenchment of a group of superstar companies at the heart of the global economy. Some of these are old firms, like GE, that have reinvented themselves. Some are emerging-market champions, like Samsung, which have seized the opportunities provided by globalisation. The elite of the elite are high-tech wizards—Google, Apple, Facebook and the rest—that have conjured up corporate empires from bits and bytes.

As our special report this week makes clear, the superstars are admirable in many ways. They churn out products that improve consumers’ lives, from smarter smartphones to sharper televisions. They provide Americans and Europeans with an estimated $280 billion-worth of “free” services—such as search or directions—a year. But they have two big faults. They are squashing competition, and they are using the darker arts of management to stay ahead. Neither is easy to solve. But failing to do so risks a backlash which will be bad for everyone.

 

À la prochaine…

Ivan Tchotourian

 

Gouvernance normes de droit Structures juridiques

“Enterprise” and Lawyer’s view: By by Irresponsibility and Welcome in a New Area (à télécharger)

Alors que le colloque du SASE va bientôt avoir lieu à Berkeley aux Etats-Unis, je reviens aujourd’hui sur ce que j’avais présenté au colloque qui s’était tenu en 2014 à Chicago : “Enterprise” and Lawyer’s view: By by Irresponsibility and Welcome in a New Area ».

Accédez au diaporama : PPT SASE 2014 version anglaise

 

Voici le résumé de cette intervention :

 

As institutions corporations and enterprises are the basis of capitalism and the subject of great interest for legal studies. Beyond regulation, the inherent nature of corporations raises sensitive legal questions, indeed, since its first appearance in the 18th century. Inspired by economic and financial sciences, legal theories incorporate corporations to contracts (referred to as “aggregate theory”), a private government (referred to as “artificial theory”) and an autonomous entity (“entity theory” or “doctrine de l’entreprise” in Continental Europe). It is indeed argued that incorporating corporations to a simple nexus of contracts has been the subject of great attention since the 1970s, provided that none of the above theories have definitely won unanimity in law, as seen by a comparative reading of the Canadian, American and European jurisprudence. Corporate governance rules clearly demonstrate such incorporation. In its essence, however, the contractual analysis regards the corporation as a means to serving private interests whereby the liability schemes are limited to protecting the supplier of capital. The contractual analysis’s vision is indeed restricted, and it summarizes its goals, to the sought-after maximization of the corporation’s shareholders value. At the heart of the corporation’s issues lies the financial aspect. Within this framework, non-financial concerns appear far away and are dealt with as simple externality that poses management problems. Nonetheless, the corporation’s activities are bearing an economic power that is today seen as ever increasingly significant and its financial and non-financial consequences should be the basis of further thinking. Yet, Canadian law has engaged into this pathway. On the one hand, Canadian corporate law has experienced a profound re-assessment through the Supreme Court of Canada’s decisions in Peoples (2004) and BCE (2008). Far from being a strict contractual reading of the corporation, these decisions have shed light on the importance of different paradigms such as corporate social responsibility and the stakeholders’ theory. Indeed, new incorporated corporate concepts have reshaped the way the corporation is perceived and its relationship with the environment. On the other hand, Canadian competition law attempts at integrating social concerns into its political sphere. In 2013, the Supreme Court of Canada has allowed the commencement of proceedings by indirect purchasers by way of a class action (see cases of Pros-sys, Sun-Rype and Infineon). Case law contemplates limiting the negative impact of anti-competition practices implemented by multinational corporations. The objective is to reinstate an economic balance as between corporations and its clients. The consumer is indeed called upon to play a protective role in the market in addition to the Canadian Competition authority’s competence. As affirmed by the Canadian Competition Tribunal in the decision of Visa/Master Card certain competition disputes between merchants are of common interest. Thus, the public should be made aware of the difficulties met by the businesses in the market. In light of the recent Canadian case law standpoint, it most certainly raises questions about the role that competition policies play within the corporation’s economic activities framework. This paper suggests showing the current legal positions of Canadian corporations and its competition law framework, in addition to putting them into perspective with  their US and European counterparts. In addition to demonstrating their convergence in favor of a more social concern, we stand for the proposition that corporations, as has been defined by the jurist, does not only form a contract. Indeed, it is an institution that carries responsibilities as against its own environment.

 

À la prochaine…

Ivan Tchotourian

objectifs de l'entreprise Structures juridiques

Retour sur l’entreprise : un bien commun

Bonjour à toutes et à tous, je vous signale cet édito dans Les Échos de M. Denis Terrien intitulé : « Faire de l’entreprise un bien commun ». Je ne peux que partager ce qui est exprimé d’autant que mes écrits y sont pour une grande part consacrés !

Petit extrait :

 

Depuis le boycott par des ­consommateurs anglais du sucre de canne des Caraïbes produit par des esclaves au XVIIIe siècle, l’affaire est entendue. Aux yeux d’un consommateur responsable, la mission de l’entreprise ne se réduit pas à engranger des bénéfices. Une entreprise est un créateur essentiel de richesse et de progrès, mais elle ne peut pas fonctionner comme si les conséquences de son activité pouvaient être cantonnées en son sein, comme si une paroi étanche existait entre le dedans et le dehors, comme si elle pouvait supprimer ses externalités négatives.

A l’intérieur et à l’extérieur de son périmètre, des parties prenantes, toujours plus nombreuses, se mobilisent pour défendre à la fois leurs intérêts particuliers et leur conception de l’intérêt général. La prise en compte et la ­convergence de ces aspirations multiples forment ce qu’on appelle depuis cinquante ans la responsabilité sociétale de l’entreprise (RSE). Avant de devenir la règle, grâce à la vision de certains dirigeants visionnaires, elle a longtemps été traitée avec dédain, désinvolture ou opportunisme.

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Ivan Tchotourian

 

autres publications Nouvelles diverses responsabilisation à l'échelle internationale Structures juridiques

Banques et paradis fiscaux : encore un rapport accablant

La journaliste du Monde (Mme Anne Michel) relaie un intéressant rapport qui nous apprend que les banques françaises réalisent des profits juteux dans les paradis fiscaux (ici).

Les banques françaises abusent-elles des paradis fiscaux ? Dans un rapport inédit, fondé sur des données officielles, et publié mercredi 16 mars, trois organisations non gouvernementales (le Comité catholique contre la faim et pour le développement-Terre solidaire –CCFD, Oxfam France et le Secours catholique-Caritas France) associées à la Plateforme paradis fiscaux et judiciaires, un réseau anticorruption, livrent ce chiffre choc : à elles cinq, BNP Paribas, la Société générale, BPCE (Banque populaire-Caisse d’épargne), le Crédit agricole et le Crédit mutuel-CIC ont réalisé 5 milliards d’euros de bénéfices dans des pays à basse fiscalité en 2014.

Ce montant est important : il représente le tiers des profits réalisés par ces banques hors de France (15,3 milliards d’euros au total). Le Luxembourg, dont la place financière a prospéré grâce à son régime fiscal ultra-avantageux pour les multinationales, accueille à lui seul 11 % de ces bénéfices ; ce qui en fait le troisième pays le plus lucratif pour ces groupes bancaires après la France et les Etats-Unis.

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Ivan Tchotourian

normes de droit responsabilisation à l'échelle internationale Structures juridiques

Panama Papers : comment l’éviter !

Comment échapper au Panama Papers depuis ce matin ? Le journaliste Jérôme Fenoglio propose un bel éditorial à ce propos dans le quotidien Le Monde intitulé « « Panama papers » : le tournis, le vertige et la nausée ».

Face à la multitude des papiers consacrés aux informations obtenus par les journalistes d’investigation membres du consortium international, je vous renvoie à cet article de Le Devoir qui revient sur les outils (notamment juridique) utilisés : « Les outils pour passer entre les mailles du filet » (d’Eléonore Dermy et de Valentin Bontemps)… très instructif !

Montages offshore, sociétés écran, actions au porteur… Le scandale du « Panama papers » met en lumière la sophistication des stratégies d’évasion fiscales utilisées par les fraudeurs. Comment fonctionnent ces instruments ? Sont-ils illégaux ? Sont-ils suffisamment combattus ? Au coeur des stratégies pour dissimuler des avoirs figurent les sociétés écrans, utilisées pour cacher l’identité du propriétaire réel d’un compte ou d’une société. Parmi elles, on trouve les « trusts », des structures juridiques « offshore » — autrement dit basées à l’étranger et bien souvent dans des paradis fiscaux — administrées par des personnes qui apparaissent comme les responsables de ces structures. Ce qui permet de passer sous silence l’identité des véritables bénéficiaires, qui échappent à l’impôt de leur pays d’origine.

Pour les sociétés off-shore pour les nuls (ou 101), je vous renvoie à cet article : ici.

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Ivan Tchotourian

Normes d'encadrement Structures juridiques

RSE : que penser des convictions de H&M ?

Dans un article du quotidien Le Monde, la journaliste (Nicole Vulser) aborde la responsabilité sociétale autour d’un exemple venu des entreprises du textile : H&M (« Responsabilité sociale : les convictions du patron d’H&M France », 26 mars 2016).

Le groupe suédois H&M, numéro un mondial du prêt-à-porter, n’a jamais travaillé avec les usines du Rana Plaza qui se sont effondrées en avril 2013, tuant plus d’un millier d’ouvriers qui travaillaient dans des conditions déplorables pour des marques de mode occidentales. Mais ce leader – son chiffre d’affaires a atteint 22,7 milliards d’euros en 2015 – est aussi le premier donneur d’ordre au Bangladesh. Il sera concerné par la proposition de loi PS obligeant les multinationales à prévenir les atteintes aux droits de l’homme et à l’environnement de leurs sous-traitants, qui a été adoptée mercredi 23 mars en deuxième lecture à l’Assemblée nationale et que le gouvernement s’est engagé à faire adopter en 2016. « Nous sommes conscients d’un certain nombre de défis qui se posent à l’industrie textile, affirme au Monde Thomas Lourenço, directeur général de H&M France. Notre dernier rapport annuel sur le développement durable décrit de façon ultra-transparente plus d’une centaine de problématiques environnementales, sociales, de sécurité et de conditions de travail. » A Dacca, la capitale du Bangladesh, H&M emploie directement 600 personnes, qui sont en contact quotidien avec ses 300 usines partenaires.

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Ivan Tchotourian

normes de droit Structures juridiques

Trouble de voisinage et entreprises : faisons le point

Intéressante synthèse publiée par Me Jean Teboul qui revient sur la responsabilité des entreprises dans le domaine des troubles de voisinage : ici.

L’article 976 C.c.Q. énonce que les voisins doivent accepter les inconvénients normaux du voisinage. La Cour suprême, dans l’arrêt Ciment du Saint-Laurent inc. c. Barrette, a confirmé que cet article établit un régime autonome fondé sur la mesure des inconvénients subis plutôt que sur la faute. Elle n’a toutefois pas fourni d’indicateurs permettant d’apprécier le seuil de normalité des inconvénients. De même, dans l’affaire Entreprises Auberge du parc ltée c. Site historique du Banc-de-pêche de Paspébiac, décidée quelques mois plus tard, la Cour d’appel n’a fait que valider l’utilisation de certains critères, sans pour autant les hiérarchiser. S’appuyant sur la doctrine et sur une analyse détaillée de la jurisprudence depuis 2006, cet article établit une typologie des critères employés pour déterminer le seuil de normalité. Il propose également un test permettant d’évaluer la normalité des inconvénients de voisinage.

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Ivan Tchotourian