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Suivre les actionnaires activistes : pas sûr !

Bonjour à toutes et à tous, M. Clerouin revient sur les actionnaires activistes et se pose la question suivante : faut-il investir là où ces activistes investissent pour espérer gagner gros ? Son constat est mitigé : « S’enrichir vite grâce aux actionnaires activistes? Oubliez ça! » (Les affaires, 30 septembre 2017). Il l’exprime plus nettement en ces mots « Le gros méchant loup ne fait plus aussi peur aux dirigeants et fait même l’objet de ripostes musclées ».

 

Extrait :

 

Au-delà de la résistance plus vive des dirigeants qu’ils affrontent, les activistes doivent composer avec un facteur qui n’est pas nouveau, mais qui a gagné en importance : les fonds négociés en Bourse (FNB) et les fonds indiciels qui détiennent d’imposants blocs d’actions.

Les BlackRock, Vanguard et State Street de ce monde cumulent 18 % des actions de P&G et 19 % de celles d’ADP. Comme le faisait récemment remarquer à l’hebdomadaire financier Barron’s Ian Winer, directeur de la recherche des actions chez Wedbush Securities, ces fonds suivent une stratégie passive et ne participent donc pas, en théorie, aux campagnes d’activistes. C’est peut-être ce qui explique pourquoi Bill Ackman sort de l’habituel cercle fermé de Wall Street pour courtiser les actionnaires minoritaires.

Pour mettre toutes les chances de leur côté, les opposants font aller le tiroir-caisse. Nelson Peltz et P&G auraient dépensé pas moins de 60 M$ US afin de solliciter des appuis en vue de l’assemblée annuelle du fabricant de Tide et de Pampers, qui se tient à la mi-octobre.

Les croisades menées par les actionnaires activistes ont déjà été très payantes pour les actionnaires – rappelez-vous le bond de plus de 300 % du Canadien Pacifique après l’intervention de Bill Ackman en 2011 -, mais elles semblent moins salutaires. Acheter un titre dans l’espoir qu’un actionnaire activiste vous enrichisse rapidement m’apparaît une stratégie risquée dans le contexte actuel.

 

À la prochaine…

Ivan Tchotourian

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Agences de conseil en vote : retour sur l’Instruction 25-201

Bonjour à toutes et à tous, je viens de publier mon dernier billet de blogue sur Contact : « Ces agences qui aident les actionnaires à voter » (22 décembre 2017). Ce billet a pour but d’expliquer ce que sont les agences en conseil de vote, de présenter les controverses dont elles sont l’objet et de décrire quelques démarches qui visent leur réglementation.

 

Quelle est ma conclusion ?

 

Au final, que penser de la position canadienne en termes d’encadrement des agences de conseil en vote? Le choix canadien de joindre les élans des États-Unis et de l’Europe en ce sens est d’abord à saluer. Le Canada ne pouvait faire cavalier seul et ne pas se pencher sur la réglementation des agences de conseil en vote, ce sujet ayant déjà fait réagir les régulateurs des plus grandes économies de la planète. En outre, cette industrie comporte d’autres enjeux. Notamment du fait que, par leurs interventions, les agences ont des effets bénéfiques7. Elles apportent un service aux investisseurs institutionnels, notamment en éclairant l’exercice de leur droit de vote, ce qui les incite à faire entendre leur voix lors des assemblées. Également, elles facilitent l’exercice du droit de vote des investisseurs, notamment par procuration, lorsque ceux-ci manquent de connaissances sur les méthodes de création de plateformes de votes ou sur la langue dans laquelle sont rédigées les résolutions de sociétés.

Bref, les agences de conseil en vote revivifient la démocratie actionnariale. Leur portée ne devait donc pas être contrecarrée à tout prix, mais bien encadrée. C’est ce qu’a fait le Canada et c’est une bonne chose. Toutefois, la position canadienne connaît de faiblesses qui mériteraient de rouvrir la discussion:

1. Le rôle restreint des acteurs des agences de conseil en vote au sein de leur industrie: En Europe, par exemple, il existe un code de bonnes pratiques qui a le mérite de conduire les agences de conseil en vote à réfléchir sur leurs modèles d’affaires pour revoir leurs pratiques.

2. L’absence d’intensité du message réglementaire s’adressant à tous les intervenants de la chaîne de détention de titres: À s’en tenir à la seule notion d’engagement, le régulateur canadien évoque peu celle des devoirs fiduciaires comparativement à la France.

3. L’absence de référence au principe «se conformer ou s’expliquer» applicable à la gouvernance d’entreprise: Cette exigence offre de la souplesse, tout en permettant aux acteurs du marché de conserver un droit de regard sur l’activité des agences de conseil en vote et de pouvoir les sanctionner.

En conclusion, en matière d’encadrement des agences de conseil en vote, le Canada a clairement avancé dans la bonne direction, mais il n’est sans doute pas arrivé au bout du chemin.

 

Je signale à mes lectrices et à mes lecteurs que ce billet est une synthèse d’un article à paraître à la Revue générale de droit d’Ottawa (volume 48 numéro 1, juin 2018) écrit avec Mme Anne Shirley LeBel et M. Francis Paradis.

 

À la prochaine…

Ivan Tchotourian

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Proposition actionnariale : la SEC apporte des éclaircissements

La Division of Corporation Finance de la Securities and Exchange Commission (SEC) a publié le 1er novembre 2017 un Staff Legal Bulletin No. 14 intitulé « Shareholder proposals ».

 

Extrait :

 

This staff legal bulletin provides information for companies and shareholders regarding Rule 14a-8 under the Securities Exchange Act of 1934.

This bulletin is part of a continuing effort by the Division to provide guidance on important issues arising under Exchange Act Rule 14a-8. Specifically, this bulletin contains information about the Division’s views on:

  • the scope and application of Rule 14a-8(i)(7);
  • the scope and application of Rule 14a-8(i)(5);
  • proposals submitted on behalf of shareholders; and
  • the use of graphs and images consistent with Rule 14a-8(d).

 

À la prochaine…

Ivan Tchotourian

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Capital-actions à classe multiple : MSCI critique

Dans cet article de Bloomberg du 6 novembre 2017 « MSCI Extends Review of Whether to Ban Multiple-Class Stocks », la légitimité d’un capital-actions se trouve à nouveau au cœur de la discussion… discussion lancée cette fois par MSCI.

 

MSCI Inc., whose indexes guide the investment of about $11 trillion in assets, delayed a decision on whether companies that deprive public shareholders of voting rights should be barred from its benchmarks.

The company also broadened its investigation to consider “a discussion on the treatment of all types of unequal voting structures,” according to a statement Thursday.

(…) In its statement Thursday, MSCI noted such concerns. MSCI has been reviewing what to do since June. During that process, a minority of firms that voiced opinions “were strongly against the exclusion of non-voting shares from equity benchmarks and expressed concerns that this would result in equity benchmarks that less clearly represent the overall opportunity set,” the New York-based company said.

(…) MSCI temporarily banned companies with “unequal voting structures” from being added to two broad benchmarks: the MSCI ACWI Investable Market Index and MSCI US Investable Market 2500 Index. Current members won’t be bumped from the indexes, however.

 

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Ivan Tchotourian

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Gouvernance d’entreprise au Japon : du mieux, mais…

Envie d’un éclairage sur la gouvernance des entreprises japonaises ? Vous pourrez lire l’article suivant : « Japanese Corporate Governance: Improving But Still A Long Way To Go », ValueWalk (

 

Japanese corporate culture is being blamed for the mistakes. Economists Naoshi Ikeda, Kotaro Inoue and Sho Watanabe of the Tokyo Institute of Technology recently set out to test the « quiet-life hypothesis, » which is, as Bloomberg describes, « the idea that without shareholder pressure, managers will tend to avoid big decisions and content themselves with managing stable corporate empires, letting their companies stagnate. »

The researchers found that there’s a lot of this « quiet-life » business activity going on in Japan. Cross-shareholding (Keiretsu), where corporations own each other’s stock is rife, and this means companies are reluctant to challenge each other. The researchers found that at companies with a considerable level of cross-ownership, R&D spending and growth CapEx is relatively low compared to the rest of the market.

But progress is being made. Three and a half years after the government introduced a stewardship code for local institutional investors and more than two years since the launch of a governance code for listed Japanese companies, listed companies are moving in the right direction. Dividend payouts have reached a record, and there has been a quadrupling of firms with two or more independent directors on their boards over the past four years. There has also been an increase in of “constructive,” or friendly, activists  (referred to as engagement funds rather than activist funds), which aim to tackle corporate governance issues, but with an explicitly low-key, humble approach.

 

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Ivan Tchotourian

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Les actionnaires auraient-ils des devoirs ?

Intéressant article offert par les professeurs Hanne Birkmose et Florian Möslein « Mapping Shareholders’ Duties » sur l’Oxford Business Law Blog (6 janvier 2017). Cet article revient sur la riche thématique des devoirs des actionnaires !

 

Recent developments in European company law and capital market law have heralded a break with the traditional perception in company law that shareholders have no duties when they invest in companies. Instead, they are increasingly subjected to various duties. As part of a research project on ‘Shareholders’ duties’, we map these shareholders’ duties in order to provide an overview of current and prospective duties. This mapping shows a great variety as well as variance of shareholders’ duties.

(…)

The mapping of shareholders’ duties shows that shareholders’ duties are not a rare and exotic phenomenon in European company and capital market law. On a closer look, there are indeed many examples, and they form fully integrated parts of the legal system instead of being rate exceptions.

 

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Ivan Tchotourian

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Fonds d’investissement passifs (indexés par exemple) : devraient-ils voter ?

En voilà une question qui ne manque pas de pertinence ! La professeure Dorothy Shapiro Lund aborde la question des fonds passifs et de leur conséquence en matière de gouvernance d’entreprise dans un article publié sur l’Oxford Business Law Blog : « The Case Against Passive Shareholder Voting » (11 septembre 2017).

In the past few years, investors have begun to embrace the reality that academics have been championing for decades—that a broad-based passive indexing strategy is superior to picking individual stocks or actively managed mutual funds. As a result, millions of investors have abandoned actively managed mutual funds, or ‘active funds,’ in favor of passively managed funds, or ‘passive funds.’ This past year alone, investors in the United States withdrew $340 billion from active funds (approximately 4 percent of the total) while investing $533 billion into passive funds (growing the total by 9 percent).

This historically unprecedented shift in investor behavior is good news for investors, who benefit from greater diversification and lower costs. But the implications for corporate governance are ominous. Unlike active funds, which pick stocks based on their performance, passive funds—a term that includes index funds and ETFs—are designed to automatically track a market index. For this reason, I contend that the growth of passive funds will exacerbate agency cost issues at corporations.

That is because passive funds do not choose investment securities for their performance but automatically to match an index or part of the market.

(…)

What can be done to prevent the governance distortion created by the rise of passive investing? I offer a novel policy proposal: Restrict passive funds from voting at shareholder meetings.

 

À la prochaine…

Ivan Tchotourian