Normes d’encadrement

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New Directions in Corporate Compliance: Keynote Luncheon Speech

Bonjour à toutes et à tous, très intéressant synthèse d’une intervention sur l’importance et ;les éléments nécessaires à un programme de conformité effectif par Andrew J. Donohue pour le compte de la SEC : « New Directions in Corporate Compliance: Keynote Luncheon Speech ». En lisant ce résumé, vous partagerez mon sentiment : il y a du travail en perspective !

 

Throughout my career I have witnessed that a critical component of an effective corporate compliance program is the integrity of those people you have in your organization and their ownership of personal responsibility for themselves and the areas for which they are responsible.  If you don’t have the right people with integrity who accept responsibility, the likelihood of your corporate compliance program being effective is, at a minimum, diminished appreciably….I can’t stress enough the critical role a firm’s culture has on its corporate compliance program and its effectiveness.  A culture of always doing the right thing, not tolerating bad practices or bad actors is essential.  The culture should encourage people to ask questions and to discuss openly what is the proper response to a particular issue and how conflicts should be resolved.  It should hold the higher up members of the firm to at least the same standard of conduct as those below them.  I have always thought that the higher up you were in an organization, the less tolerant the firm should be of your non-compliance.  If that is the culture of the firm that sends a powerful message within an organization. Another sign of the culture of a firm is whether there is a correlation between ethical behavior and the firm’s reward structure, such as salaries, bonuses and promotions (…)

 How did I get comfortable? So how do you get comfortable having responsibility for the corporate compliance function in a firm?  Now that is a good question.  I never really got comfortable and I was always worried.  But that was ok as it kept me constantly alert and thinking and I was able to sleep most nights.  Here are a few thoughts on how you might get more comfortable with these responsibilities:….”.

 

À la prochaine…

Ivan Tchotourian

Normes d'encadrement Nouvelles diverses

La conformité et les juristes : retour sur la chronique de Me Marc-André Séguin (billet de Jean-Christophe Bernier)

Publiée dans la plus récente édition du Journal du Barreau[1], la chronique de Me Séguin tente de faire le pont entre le domaine des avocats, à savoir la pratique du droit, et un domaine en pleine progression, à savoir la conformité. Bien que celle-ci évolue généralement en fonction de la réglementation applicable, il serait mal avisé de prétendre qu’elle fait partie intégrante du droit, et qu’ainsi, sa pratique est exclusive aux juristes. Ceci dit, tel que le rappellent les deux experts consultés, Me Stéphane Rousseau[2] et Me Pierre Gignac[3], les juristes, de par leur expertise légale, ont certainement un rôle important à y jouer. Ayant rapporté certains enjeux contemporains de la conformité lors d’un billet précédent[4], je me penche de nouveau sur la question et propose ainsi quelques pistes de réflexion pour le juriste dont les intérêts se veulent à la croisée des chemins entre le droit et la conformité[5].

 

Sommaire

 

Longtemps l’aspect le plus négligé des obligations légales en matière de saines pratiques commerciales et de pratiques de gestion saine et prudente (gouvernance, gestion intégrée des risques et conformité) par les institutions financières et les autorités de réglementation, la conformité s’est vu placée au cœur de la réforme réglementaire de l’encadrement des marchés financiers faisant suite à la débâcle financière de 2008. En effet, tel que le rappelle le professeur Rousseau, le renforcement du cadre réglementaire et la multiplication des normes applicables aux institutions financières a certainement permis à la conformité de connaître une importante évolution au cours des dernières années. Conséquemment, les institutions financières ont été obligées de s’investir de façon importante dans le développement de programmes et de pratiques en matière de conformité pour répondre aux exigences des autorités de réglementation, mais aussi pour mieux répondre aux besoins des consommateurs de produits et services financiers.

Me Gignac divise ainsi ces programmes de conformité en 3 éléments :

  • la ligne d’affaire.
  • la surveillance indépendante.
  • l’audit interne.

Si la première oblige les employés à bien connaître et comprendre les normes applicables à leur rôle dans les activités de l’institution, la seconde s’adresse plutôt au chef de la conformité. Celui-ci a pour mission, de par l’élaboration de programmes et politiques, mais également de par l’éducation du personnel et sa sensibilisation aux risques, de développer et de véhiculer une culture éthique au sein de l’entreprise. Quant à l’audit interne, il a pour fonction d’assurer le bon fonctionnement de ces programmes et politiques. Une structure de conformité efficace peut ainsi aider l’institution à prévenir bien des problèmes, autant au point de vue des activités commerciales de l’entreprise que de la réputation de celle-ci.

Ainsi, le juriste peut jouer un rôle essentiel dans le développement et le maintien de programmes de conformité, et ce, de par sa facilité à comprendre les obligations réglementaires et à en transposer les principes au sein des règlements et politiques internes. Ceci dit, tel que le souligne le professeur Rousseau: « […] les recommandations [de l’avocat] doivent faire l’objet d’une réflexion qui transcende le juridique. L’analyse doit aller au-delà de la lettre de la loi. Elle doit également se faire à la lumière des principes et valeurs de l’entreprise et reposer sur une analyse du risque. »[6]. Ceci est d’autant plus vrai lorsque le risque réputationnel est pris en compte, plutôt que simplement le risque légal.

Selon les deux experts, si la conformité a pris son essor dans le secteur financier, elle sera appelée à intervenir dans plusieurs autres secteurs, notamment ceux faisant l’objet d’un renforcement et d’une complexification du cadre réglementaire, mais aussi ceux où le secteur public joue un rôle de premier plan. La conformité présente ainsi de réels enjeux dont les principaux intéressés ne peuvent négliger plus longtemps.

 

Pistes de réflexion

S’il est plutôt vrai que la conformité et le développement d’une culture éthique occupent une place de plus en plus importante sur les marchés financiers, le rôle que peut jouer l’avocat, voir même le juriste, en matière de conformité laisse place à certains doutes. En effet, tel que mentionné dans la chronique, la conformité va bien au-delà du simple respect des lois et règlements. Ces derniers ne représentent que la pointe de l’iceberg, laissant place à une multitude de normes et d’exigences en-dessous des eaux. De ces normes, il est possible d’identifier certaines normes para-juridiques, telles que les lignes directrices ou les modèles de référence d’organismes d’autoréglementation[7], ou encore certains principes développés par des organisations internationales[8]. Qui plus est, à l’ère du numérique et des réseaux sociaux, la réputation sociale de l’entreprise compte pour beaucoup dans le succès de cette dernière et la conformité interne doit s’assurer qu’aucune pratique douteuse ne vienne l’entacher. Le non-respect de ces normes, celles qui représentent la partie non-émergée de l’iceberg, présente un risque tout aussi important que le non-respect des lois et règlements applicables et peut s’avérer fatal pour l’institution et ses membres. Conséquemment, le juriste d’entreprise n’est possiblement plus la personne la plus qualifiée pour s’occuper des questions d’éthique culturelle, ce rôle devant préférablement être assumé par des gestionnaires du risque chevronnés en matière de culture d’entreprise.

En effet, les récents développements en matière d’encadrement réglementaire ont permis au service de conformité de se tailler une place de choix au sein des institutions financières, notamment en s’émancipant du service juridique. Qui plus est, le chef de la conformité, dans l’exécution de ses fonctions, tend de plus en plus à être considéré comme un membre de la haute direction, et ainsi, fait directement rapport au conseil d’administration de l’institution financière. Il est toutefois possible de croire, pour les raisons mentionnées dans le sommaire, que le juriste dispose de toutes les aptitudes nécessaires pour œuvrer au sein d’un service de conformité ou encore y collaborer de façon importante. Ceci dit, le juriste devra faire preuve d’une ouverture très particulière aux réalités du domaine de la conformité et ne devra pas simplement s’attarder aux aspects juridiques de ce dernier, la conformité pouvant certainement se prêter à la multidisciplinarité. De plus, le juriste sera appelé à œuvrer davantage de façon proactive plutôt que réactive, ce qui peut s’avérer tout un défi pour certains praticiens.

Tel que mentionné précédemment, la conformité ne sachant se limiter au strict respect des lois et règlements, le juriste doit certainement être capable de s’adapter à un cadre réglementaire évolutif. En effet, les autorités de réglementation peuvent adopter une approche par principe[9] pour développer un cadre réglementaire qui s’adapte à la réalité du marché, ainsi qu’à ses aléas. De ce fait, le juriste qui ne saurait ajuster sa pratique à une telle approche réglementaire, soit par manque de compétences ou de ressources, soit par étroitesse d’esprit, peut représenter, pour l’institution financière qui est appelée, dorénavant, à collaborer davantage avec les autorités de réglementations, tout un fardeau. Une formation professionnelle complémentaire peut ainsi s’avérer un véritable atout pour le juriste dont la pratique tend vers la conformité et l’éthique. Si certaines universités à l’international se sont déjà dotées de programmes de maîtrise professionnelle en matière de conformité[10], le réseau universitaire canadien devrait ainsi emboîter le pas et développer de nouveaux programmes pour répondre aux besoins des marchés financiers canadiens, et ainsi, former des professionnels de la conformité (compliance officers).

Quoiqu’il soit, tel qu’il a été soulevé par Mes Rousseau et Gignac, la conformité jouera un rôle de plus en plus important dans les années à venir et les juristes auront certainement ont rôle à y jouer. Que ce soit à titre d’avocat ou non, le juriste devra demeurer sensible aux enjeux de la conformité et s’assurer que le carcan juridique, dont il se veut le protecteur, ne soit pas une nuisance au développement et au maintien d’une culture éthique en institution financière.


[1] Marc-André Séguin, « La conformité: quel rôle pour les avocats? », (mai 2016) 4 Journal du Barreau 28.

[2] Professeur à la Faculté de droit de l’Université de Montréal et titulaire de la Chaire en gouvernance et droit des affaires.

[3] Président de la section Gouvernance, conformité réglementaire et éthique de l’Association du Barreau canadien-Québec.

[4] http://www.gouvernanceetresponsabilitesocietale.com/2015/10/23/billet-dun-auteur-invite-me-jean-christophe-bernier-reflexions-sur-la-conformite/.

[5] Je suis avocat et membre-étudiant au CÉDÉ de la Faculté de droit de l’Université Laval.

[6] Marc-André Séguin, « La conformité: quel rôle pour les avocats », (mai 2016) 4 Journal du Barreau 28, à la p 29.

[7] Voir, par exemple, le Modèle de référence des paiements mobiles NFC au Canada de l’Association des banquiers canadiens : http://www.cba.ca/contents/files/misc/msc_20120514_mobile_fr.pdf.

[8] Voir, par exemple, Principes de gouvernance d’entreprise du G20 et de l’OCDE, (septembre 2015) : http://www.oecd.org/daf/ca/Corporate-Governance-Principles-FRA.pdf

[9] Au Canada, il s’agit notamment du cas de l’encadrement règlementaire du domaine des assurances.

[10] Aux États-Unis, voir l’Université Fordham: http://www.fordham.edu/info/22606/corporate_compliance; En France, voir l’Université de Cergy-Pontoise: http://www.m2dpf.fr/.

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Billet d’un auteur invité (Me Jean-Christophe Bernier) : réflexions sur la conformité

Traduction et mise en page par Me Jean-Christophe Bernier [1]

Les 16, 17 et 18 septembre derniers à Orlando en Floride, le CEFLI (Compliance and Ethics Forum for Life Insurers) recevait plus de 150 participants américains pour sa conférence annuelle[2]. Cette conférence portait sur les nouvelles réalités pour les directeurs à la conformité dans l’industrie de l’assurance de personnes. Me Jean-Pierre Bernier[3] y était ainsi invité, à titre de conférencier, à faire part de ses connaissances et de son expérience. Voici ses observations quant à ce qui a été discuté lors des différentes interventions.

Le rôle du directeur à la conformité – Possédez-vous les caractéristiques requises? [4]

Le rôle du directeur à la conformité est de prévenir l’avènement de situations problématiques et non pas d’en identifier les coupables après coup. Il doit demeurer intègre et ne pas avoir peur de remonter aux sources des problèmes. Il doit également faire preuve d’un bon sens de la communication, notamment avec les différentes autorités, et user d’une analyse périphérique. Il doit également savoir apprécier les situations, s’y ajuster et ainsi sensibiliser son entourage. Pour ce faire, il doit apporter des réponses aux questions, tout en évitant un langage trop juridique. La communication et les bonnes relations demeurent ainsi les priorités d’un directeur à la conformité.

Former les prochains chefs de file en conformité [5]

À l’ère où la conformité tend à se déplacer du domaine de la réglementation vers celui de la gestion des risques, la formation du personnel devient un incontournable. Bien que de rencontrer les différents gestionnaires demeure important, avoir leur attention est la clef. Les nouvelles responsabilités proposées par l’Évaluation interne des risques et de la solvabilité (Own Risk Solvency & Assessment)[6] sont des opportunités de joindre la conformité à la gouvernance d’entreprise et à la gestion intégrée des risques. Le domaine juridique et celui de la gestion des risques règlementaires ne pouvant plus opérer en vase clos, les différents acteurs de l’entreprise doivent être sensibilisés aux risques. Le directeur à la conformité peut s’avérer ainsi un bon mentor.

Les exigences règlementaires du directeur à la conformité – Demeurer en amont [7]

De plus en plus, les autorités de réglementation opèrent en coopération et en coordination les unes avec les autres. Les normes internationales exercent une telle pression sur ces dernières, qu’elles n’ont guère le choix de travailler ouvertement avec les entités sous leur autorité. Dans une perspective de réglementation fortement axée sur les risques inhérents à l’entreprise, les assureurs, et plus particulièrement, leur directeur à la conformité se doivent de bien connaître les produits qu’ils offrent, de considérer les meilleurs intérêts de leur clientèle en tout temps et de faire état de tout dommage systémique causé aux consommateurs par leur faute. Encore aujourd’hui, trop peu de représentants et de courtiers connaissent réellement les produits qu’ils offrent.

Les conseils d’anciens directeurs à la conformité [8]

Le directeur à la conformité se doit de travailler en collaboration avec les gestionnaires de l’entreprise, soit les premiers intéressés, et se doit de bâtir de fortes relations avec les entités publiques, soit les gouvernements et les organismes paragouvernementaux. La conformité ne doit pas être un rempart contre la responsabilité, mais elle doit plutôt servir de base à une culture éthique et saine. Ainsi, le directeur à la conformité se doit d’être un atout efficace dans la promotion et la communication de normes élevées en matière de conduite des affaires.

Les caractéristiques essentielles en leadership du directeur à la conformité [9]

La conformité exige de ses acteurs une intégrité exemplaire et un bon sens de la communication. Ne pouvant s’inspirer d’un modèle type, le directeur à la conformité doit s’adapter aux situations tout en tirant son épingle du jeu. Il doit alors se dépasser afin que l’entreprise puisse rencontrer les exigences attendues en matière de pratiques commerciales, de conflits d’intérêts et de culture morale et éthique. La clef d’un bon directeur à la conformité est de demeurer disponible, téméraire, honnête, décisif et sincère.

De nouveaux horizons, de nouveaux défis pour le directeur à la conformité [10]

L’implantation, en Amérique, des nouvelles normes internationales reconnues en matière de réglementation et de supervision auront un impact significatif sur la conformité de demain. Tous les acteurs de la conformité doivent alors se maintenir informés sur ces nouvelles réalités. Au moment même où les autorités de réglementation modifient leurs approches par rapport au marché, le directeur à la conformité doit y ajuster sa pratique dans un délai convenable.

La vente d’assurances face aux nouvelles exigences fiduciaires [11]

Selon la règle[12] proposée par le Ministère du Travail américain (U.S. Department of Labour), la fonction de conseiller en assurances serait caractérisée de «fiduciaire», ce qui implique une responsabilité juridique accrue en matière de prudence et diligence et de loyauté envers les consommateurs. Une telle norme rend ainsi les acteurs du domaine de l’assurance plutôt perplexes. Cette modification de la nature juridique de la fonction de conseiller en assurances amène des conséquences tantôt alarmantes, puis complexes. Ce pourrait notamment aboutir aux commissions nivelées et à la hausse des frais d’assurance-responsabilité pour les conseillers en assurances. Cette modification pouvant mettre à mal l’industrie de l’assurance aux États-Unis, les assureurs demanderont probablement aux tribunaux de se prononcer sur une telle modification. En effet, la National Association of Insurance Commissioners (NAIC), invitée à se prononcer[13], se positionnerait à l’encontre d’une telle modification, préférant les normes de responsabilité actuelles.

Les nouvelles tendances et leur impact sur les professionnels de la conformité [14]

Le domaine de la conformité transite d’une approche réactionnelle et procédurale vers une approche proactive et basée sur une culture éthique. La conformité devient alors une démarche orientée vers les besoins des consommateurs et apporte une certaine plus-value à l’entreprise. Dorénavant gardien de la culture éthique au sein de l’entreprise, le directeur à la conformité doit user de stratégie pour sensibiliser ses proches à la gestion saine des risques et à la promotion des bonnes valeurs. L’implantation de principes généraux d’éthique et de conformité intéresse de plus en plus les conseils d’administration, ce qui oblige le directeur à la conformité à agir et à ne pas négliger ses responsabilités à l`égard des normes déontologiques. Bien que les ressources utiles à l’acquittement de ses fonctions soient nombreuses et dispersées, le directeur à la conformité doit continuellement rechercher à se dépasser afin d’identifier les nombreux risques potentiels et à en tempérer leurs effets négatifs pour le bien-être de l’entreprise et du marché. Il est donc important de distinguer entre le manquement au respect des lois et des règlements et la défaillance dans le traitement équitable de la clientèle.

La conformité, la haute direction et l’information fournie aux administrateurs [15]

La haute direction devrait axer la rédaction de ses rapports sur les risques inhérents à l’entreprise plutôt que sur les facteurs opérationnels. Les données brutes peuvent être de peu d’utilité lorsqu’elles ne sont pas mises en perspective avec les commentaires des experts (par exemple, à savoir si telle situation est bonne ou mauvaise, ou encore la signification des tendances ressortant des données brutes). Puisque les administrateurs s’intéressent de plus en plus aux agissements de la haute direction, le conseil d’administration requiert alors des détails sur l’utilité et la pertinence d’une proposition en matière de conformité et d’éthique. Le directeur de la conformité se doit alors de mettre en place un système adéquat d’analyse et de divulgation de l’information au sein de sa direction afin de rédiger des rapports précis et significatifs. Ces rapports doivent notamment porter sur la formation, l’éducation et la sensibilisation à la conformité, sur la récolte de données et les enquêtes effectuées, ainsi que sur les programmes et les politiques mises en place concernant la culture d’entreprise définie par le conseil d’administration et promue par la haute direction.

La conformité et la loi, une approche coopérative [16]

La nouvelle approche coopérative de la National Association of Insurance Commissioners concernant l’exercice sur les marchés se concentre davantage sur la protection des consommateurs. La NAIC va même jusqu’à former les autorités étatiques de réglementation sur cette nouvelle approche. Dorénavant des correctifs significatifs seront exigés des assureurs dont les pratiques causent ou pourraient causer des dommages aux consommateurs. L’inaction sera alors punie, contrairement à la simple non-conformité. Cette nouvelle approche sera uniforme dans les différents États, ressemblant quelque peu à l’encadrement de la solvabilité. Les assureurs à hauts risques seront également identifiés afin de permettre un processus d’inspection plus efficace de la part des autorités. La conformité et l’éthique demeurent au cœur des saines pratiques commerciales et doivent être ainsi encouragées.

La conformité et la sécurité informatique [17]

La National Association of Insurance Commissioners a récemment proposé à l’industrie un Consumer Cybersecurity Bill of Rights[18], document présentant des principes fondamentaux en matière de sécurité informatique. Il s’agit là d’une des priorités pour les autorités de réglementation étatiques en matière d’assurances, qui voient cette question comme un aspect crucial de la gestion intégrée des risques au sein de l’entreprise et qui concerne non seulement la direction des technologies de l’information mais également celle de la conformité.

Les saines pratiques commerciales –Les fournisseurs de services [19]

Les assureurs doivent exercer de saines pratiques commerciales avec leurs fournisseurs de produits et services afin de protéger les consommateurs contre tout risque injustifié. De saines pratiques commerciales représentent (a) une juste appréciation du risque, (b) des vérifications diligentes sur les services offerts, (c) des contrats écrits portant sur les devoirs, obligations et responsabilités des fournisseurs et (d) une surveillance efficace et continue de la part de l’assureur. Les relations avec les fournisseurs de produits et services doivent faire partie intégrante des responsabilités, non plus seulement que de quelques directions, mais de l’ensemble des directions de l’entreprise, notamment celle de la conformité et de la déontologie. Cette dernière, quant aux nouvelles exigences en matière de gouvernance d’entreprise, doit s’assurer qu’un système effectif de contrôles et d’inspections des fournisseurs de produits et services soit mis en place au sein de l’entreprise.

Assurer une conformité efficace – La transmission de l’information est la clef [20]

Bien que les Federal Sentencing Guidelines[21] aient été développées par des avocats pour des avocats, certains principes demeurent important pour assurer une saine gouvernance au sein de l’entreprise. Sous la «Compliance 101», il était préférable pour le directeur à la conformité de faire rapport des activités de sa direction directement au directeur des affaires juridiques. Étant données les nouvelles conjonctures en matière de risque et de gouvernance, la culture du risque en entreprise tend à faire adhérer la gestion de l’organisation interne vers la «Compliance 201». Ainsi, la nouvelle tendance exige que le directeur à la conformité se rapporte directement au directeur à la gestion des risques. De plus en plus, le rôle de la conformité en entreprise inclut également l’atténuation des risques inhérents à un manque d’intégration des principes éthiques et à toute défaillance dans le traitement équitable des clients. Il est même possible que les avocats ne soient plus les personnes les plus qualifiées pour s’occuper des questions d’éthique culturelle et que ce rôle soit assumé par des gestionnaires du risque chevronnés en matière de culture d’entreprise.

De nouvelles perspectives en matière de gouvernance d’entreprise [22]

La National Association of Insurance Commissioners a récemment publié la loi type Corporate Governance Annual Disclosure[23]. Elle a pour effet d’obliger les assureurs, peu importe leur taille ou leur structure, à bonifier leur gouvernance d’entreprise et leurs pratiques commerciales. Les codes de conduite devront être scrupuleusement revus aux fins de s’assurer que les objectifs du traitement équitable des clients y soient clairement dénotés. Les administrateurs seront également sujets à un nouveau devoir de prudence et de diligence. Les obligations d’agir de bonne foi seront également renforcées. Le processus décisionnel quant à la conduite des affaires sur le marché, ainsi que la conformité, vont devenir des sujets très importants pour le conseil d’administration, qui devra en surveiller la gestion. Chaque assureur devra également décrire aux autorités de réglementation ses processus décisionnels en matière de conduite des affaires, ses programmes de rémunération et d’incitatifs , ses normes déontologiques ainsi que ses rapports internes proactifs ayant trait aux manquements à l’éthique.

Les défis de la conformité sur les marchés internationaux par rapport aux consommateurs [24]

Le principe du traitement équitable des consommateurs (Fair Treatment of Consumers) est un principe de base simple et peu coûteux qui a été élaboré au niveau international[25]. Ce principe repose sur la déontologie des entreprises et représente l’intention des lois et règlements existants concernant la protection des consommateurs en matière financière. Comme c’est le cas à travers le monde, les autorités américaines s’attendent à ce que le traitement équitable des clients (TEC) soit un élément central de la gouvernance et de la culture d’entreprise de tous les assureurs. Sans code d’éthique les risques associés à la conduite des affaires ne peuvent être gérés de manière responsable et le TEC ne peut pas être intégré dans la culture d’entreprise. En outre, c’est la déontologie qui détermine la façon dont les employés traitent les clients.

L’analyse de données du marché par les autorités de réglementation [26]

À travers la coopération, la coordination et les collèges de régulateurs, le Market Conduct Annual Statement (MCAS)[27] offre un système indispensable pour les autorités de réglementation, leur permettant d’amasser certaines informations sur les marchés afin qu’elles puissent exercer leur fonction de surveillance sur les activités des marchés. Il s’agit d’un outil efficace œuvrant à la protection des consommateurs contre les mauvaises pratiques de certains assureurs. La National Association of Insurance Commissioners désire améliorer le processus vers une meilleure analyse des données, ainsi que vers une meilleure divulgation et plus de transparence.


[1] Jean-Christophe Bernier est nouvellement membre du Barreau du Québec, suite à l’accomplissement d’une année de stage au sein de la direction des affaires juridiques de l’Autorité des marchés financiers. Poursuivant ses études supérieures à l’Université Laval, il a collaboré auparavant à la rédaction d’un ouvrage portant sur les devoirs des administrateurs de sociétés par actions et continue de s’intéresser à l’encadrement de la gouvernance sur les marchés financiers.

[2] http://www.cvent.com/events/cefli-2015-annual-conference-new-horizons-new-challenges/agenda-91bb57404a40404484aba17cef74aa19.aspx

[3] Jean-Pierre Bernier est nouvellement retraité du poste de Vice-Président à la Conformité et à la Gestion des Risques au sein de l’Association canadienne des compagnies d’assurances de personnes (ACCAP). Diplômé des universités Laval, York et de Montréal, il est membre du Barreau du Québec et concentre sa pratique et ses publications dans le domaine de la régulation des services financiers. Au cours de sa carrière, il a également occupé les postes de Directeur adjoint aux affaires juridiques au sein de l’Imperial Life Assurance Company of Canada et de conseiller juridique auprès de l’Association des banquiers canadiens.

[4] Conférenciers invités : Steve Callaway, Chief Compliance Officer, Protective Life; Jim Golembiewski, VP, Compliance & General Counsel, Sagicor Life Insurance Company; Jackie Ward, Chief Compliance Officer, American Equity Investment LIC

[5] Conférenciers invités : Michael Gioffre, Chief Compliance Officer, Voya Financial; Brian Hansen, Chief Compliance Officer, Sammons Financial

[6] DIRECTIVE DU PARLEMENT EUROPÉEN ET DU CONSEIL SUR L’ACCÈS AUX ACTIVITÉS DE L’ASSURANCE ET DE LA RÉASSURANCE ET LEUR EXERCICE (SOLVABILITÉ II) (REFONTE). Voir, notamment, l’article 45 : http://register.consilium.europa.eu/doc/srv?l=FR&f=ST%203643%202009%20REV%206

[7] Conférenciers invités : Larry Kosciulek, Director, FINRA; Suzanne McGovern, Assistant Director, Office of Compliance Inspections & Examinations, U.S. Securities & Exchange Commission; Jim Mumford, Former Deputy Commissioner, Iowa Insurance Division

[8] Conférenciers invités : Goerge Hanley, Former CCO Prudential Financial, Director, Deloitte; Steve Koslow, Former CECO CUNA Mutual, Financial Services Advisory Practice, PricewaterhouseCoopers

[9] Conférencier invité : John G. Apostle II,  Chair, CEFLI Board of Directors, Chief Compliance Officer, Genworth Financial

[10] Conférencier invité : John G. Apostle II, Chair, Chief Compliance Officer, Genworth Financial

[11] Conférenciers invités : David Cowart (Moderator), Partner, Dentons; Christie Corado, SVP, Associate General Counsel, BB&T; Jules O. Gaudreau, President-Elect, NAIFA; Scott Stolz, Senior Vice President, Raymond James; Josh Winslow, AVP, Associate Counsel, Adv. Markets, John Hancock

[12] http://www.dol.gov/ebsa/regs/conflictsofinterest.html

13 Conférencier invité : George Hanley, Director, Deloitte

[13] http://naic.org/documents/government_relations_naic_comment_to_dol_on_fiduciary_rulemaking.pdf

 [15] Conférencier invité : Steve Koslow, Financial Services Advisory Practices, PriceWaterhouseCoopers

[16] Conférenciers invités : John G. Apostle II, Chief Compliance Officer, Genworth Financial; William Dauksewicz, Chief Compliance Officer, Liberty Life Assurance Co. of Boston; Raymond Farmer, Director, South Carolina Department of Insurance; Nick Gerhart, Insurance Commissioner, Iowa Insurance Division; Maureen Henderson, Chief Compliance Officer, Global Atlantic Financial; Ted Nickel, Commissioner of Insurance, Wisconsin Office of the Ins. Commissioner

[17] Conférenciers invités : Andrew Holland (Moderator), Partner, Sidley Austin; Raymond Farmer, Vice-Chair, NAIC Cybersecurity Task Force, Director, South Carolina Department of Insurance

[18]http://www.naic.org/documents/committees_ex_cybersecurity_tf_exposure_draft_cybersecurity_bill.pdf. Cette charte sera appelé à devenir une loi cadre pour tous les États américains.

[19] Conférenciers invités : Scott Kosnoff and Sara Powell (Moderators), Partners, Faegre, Baker & Daniels; Blaine Doerrfeld, Vice President and Managing Counsel, Athene Annuity and Life Insurance Co.; Eric Duelfer, Regulatory Consultant, Navigant Consulting; Suzanne Hoppe, Vice President and Group Counsel, Ameriprise Financial Services; Eric Nemmers, Counsel, American Enterprise

[20] Conférenciers invités : Tim Bolden, Chief Compliance Officer, American Fidelity Assurance Co. ; Donald Griffin, Vice President, MassMutual

[21] http://www.ussc.gov/guidelines-manual/2014/2014-ussc-guidelines-manual

[22] Conférenciers invités : Carol Stern (Moderator), Senior Consultant, First Consulting & Administration; Cindy Nigbur, Deputy Corporate Secretary for Corporate Governance, Thrivent Financial; Jeff Pruitt, Acting Chief Compliance Officer, Allianz Life Insurance Co. of North America

[23] http://www.naic.org/documents/committees_e_isftf_corp_governance_related_cgad_model_reg_140728.pdf

[24] Conférencier invité : J-P Bernier, Former General Counsel, Canadian Life and Health Insurance Association

[25] Par exemple, celle de l’Autorité des Marchés Financiers pour les assureurs opérant au Québec : https://www.lautorite.qc.ca/files//pdf/reglementation/lignes-directrices-assurance/ld_spc_2013.pdf

[26] Conférencier invité : Jim Mealer, Chief Market Conduct Examiner, Missouri Department of Insurance; Paul Hanson, Chief Market Conduct Examiner, Minnesota Department of Commerce

[27] http://www.naic.org/mcas_2015.htm

normes de droit

La conformité bientôt sanctionnée en France !

Bonsoir à toutes et à tous, en voilà une nouvelle venue de France (plus précisément du journal Les Échos en date du 10 septembre 2015 : « Conformité : les sociétés bientôt sous surveillance ? ») : un projet de loi prévoit la création d’une agence de lutte contre la corruption chargée de contrôler les politiques de prévention mises en place dans les entreprises.

C’est un grand vide juridique que le gouvernement cherche aujourd’hui à combler. En dotant le projet de loi sur « la transparence de la vie économique » – qui devrait être présenté au Parlement à l’automne – d’un volet anticorruption, l’exécutif compte bien obliger les entreprises françaises à mettre en place des programmes de conformité. « Actuellement, il y a un écart important entre quelques multinationales soumises à des droits étrangers, notamment anglo-saxons, qui ont dû mettre en place de tels outils de prévention, et les entreprises dont l’activité est essentiellement en France qui, parce qu’elles n’y sont pas obligées, sont en retard en matière de lutte contre la corruption », assure Jonathan Mattout, avocat associé chez Herbert Smith Freehills.

À la prochaine…

Ivan Tchotourian