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Normes d'encadrement

RSE : bilan des intiatives réglementaires en Europe

Bonjour à toutes et à tous, la Commission européenne a publié un intéressant document en septembre 2014 intitulé « Corporate Social Responsibility – National Public Policies in the European Union – Compendium 2014 » (ici).

Ce document dresse un état des lieux des politiques  publiques en matière de RSE dans l’UE, aux niveaux communautaire et national. Sont ainsi comparés sur les efforts faits pour le respect des droits de l’homme dans la chaîne de valeur, pour promouvoir la RSE dans les petites et moyennes entreprises, pour améliorer les politiques sociales et de l’emploi, ainsi que l’information du consommateur, le reporting extrafinancier, l’éducation et la formation, pour ouvrir davantage les marchés publics aux préoccupations de développement durable, pour encourager les investissements socialement responsables, renforcer la prévention de la corruption, ou encore lutter contre le changement climatique et protéger l’environnement.

Une belle occasion pour certains de se mettre à jour et pour les autres de s’informer sur tout ce qu’ont l’UE et les États en matière de responsabilité sociétale.

À la prochaine…

Ivan Tchotourian

Normes d'encadrement

Banques publics de développement : vers une promotion du développement durable

Bonjour à toutes et à tous, le club des banques publics de développement national et international (ici) se montre proactif dans le domaine du développement durable. Son Forum sur la finance et le climat qui s’est tenu en mai 2015 a donné à des prises de position énergique avec la définition de principes communs et d’instruments de mesure destinés à évaluer les financements qui produisent des effets positifs pour le climat. Deux axes se dégagent :

  • Le développement de pratiques bancaires dites « vertes »
  • Mettre en place des outils pour donner l’impulsion à financer et à investir

Quelques morceaux choisis :

This common definition of « climate-friendly » activities adopted by development banks is a key step in supporting the transformation of economies towards more resilient and low-carbon models. (…) During the Climate Finance Forum, several multilateral development banks and members of IDFC set up a pilot group (including CAF, WBG, AFD, IDB, ADB, AFDB, EIB, JICA) to help establish a basis for common « greening » practices in the run up to COP21. Such practices involve raising the level of ambition in financing climate-smart investments to support better development results, for example by evaluating the impacts projects have on greenhouse gas emissions, by taking into account the vulnerability of projects to the effects of climate change, or by integrating a carbon price into the economic assessment of investments.(…) Faced with the challenges, public financing must also promote the mobilization of private investments. Several financiers who were at the Forum aim to define, by COP21, a standard to measure the leverage that public green financing has on private investments. Key financial practitioners involved in green bonds also indicated their intention to build consensus on common impact reporting frameworks for this nascent and promising market, with the aim of increasing its credibility and impacts.

Pour en savoir plus, vous pouvez cliquer ici.

À la prochaine…

Ivan Tchotourian

autres publications Gouvernance

Le droit de vote vous intéresse…

Les éditions LGDJ viennent de publier une thèse avec un bien joli sujet : « L’attribution du droit de vote dans les sociétés » par Mme Caroline Coupet (ici).

Cette thèse analyse les principes guidant l’attribution du droit de vote au sein des sociétés, à l’aune des problématiques nouvelles que l’évolution de l’ingénierie juridique et financière a fait émerger. Le droit de vote est, en effet, traditionnellement attribué aux associés, supposés trouver un intérêt financier à la bonne marche de la société. Mais certaines techniques leur permettent de s’exonérer de tout risque de perte et de toute chance de gain. Elles se sont multipliées au gré des innovations juridiques et financières et le phénomène ne peut plus être considéré comme marginal. Ces pratiques s’accordent pourtant mal avec l’esprit de la loi et suscitent des questionnements nombreux, tant en termes de gouvernance que de sécurité juridique.  Cette analyse conduit l’auteur à formuler un nouveau principe fondateur de l’attribution du droit de vote et, plus avant, à revisiter la notion d’associé.

Il me tarde de la lire, moi qui l’ait commandée !

À la prochaine…

Ivan Tchotourian

Normes d'encadrement rémunération

Retraite chapeau : la France vers une réforme ?

Bonjour à toutes et à tous, Le projet de loi Macron (Projet de loi pour la croissance et l’activité, n° 2447, déposé le 11 décembre 2014, voir le dossier ici) contient un article intéressant le thème des retraites chapeau. En réalité, l’article 64 se décompose 64 et 64 bis !

Que trouve-t-on comme proposition ? Deux nouveautés s’en viennent…

  • La publication d’un rapport annuel d’information sur les retraites chapeau : l’article 64 imposerait aux organismes gérant des régimes de retraite chapeau de remettre chaque année un rapport de suivi de leur activité à l’administration.
  • Un encadrement et une mise sous condition de performance des régimes de retraite à prestations définies attribuées aux dirigeants mandataires sociaux des sociétés cotées : l’article 64 bis vise à introduire dans la loi des règles d’encadrement des retraites chapeau versées en liant leur progression aux performances de ces dirigeants et en assurant une plus grande transparence de ces conventions.

Pour rappel, l’inspection générale des finances et de l’inspection générale des affaires sociales avaient publié un rapport en décembre 2014 sur les retraites chapeau des mandataires sociaux (« L’encadrement des retraites chapeau », décembre 2014, ici) qui proposait à l’époque 3 recommandations : 

  • Établir un lien entre les droits à retraite accumulés et la performance du bénéficiaire. Le CA se prononcerait, à chaque augmentation des droits, sur le montant supplémentaire accumulé.
  • Renforcer l’information générale et individuelle donnée par les entreprises sur les régimes de retraites chapeau, les droits ouverts aux mandataires sociaux et les charges annuelles afférentes.
  • Rendre plus rigoureux l’encadrement prévu par les codes de gouvernement d’entreprise, notamment le code AFEP-MEDEF, en matière de retraites supplémentaires (réduire les plafonds prévus pour le montant total de la rente et le rythme d’accumulation pour les fixer à des niveaux plus raisonnables, définir plus précisément le revenu de référence qui sert d’assiette au calcul de la rente et étendre l’encadrement au-delà des retraites à prestations définies)

Pour une petite actualité de presse, vous pouvez vous rendre au lien auivant : A. Tonnelier, « Tour de vis symbolique sur les retraites chapeaux », Le Monde, 12 juin 2015

À la prochaine…

Ivan Tchotourian

conférences

À vos agendas : serez-vous à Bayonne ?

Bonjour à toutes et à tous, mon collègue Bernard Gillon organise la 13e édition du colloque francophone sur le risque Oriane. Ce colloque aura lieu les 24 et 25 septembre 2015 au département Techniques de commercialisation de l’IUT de Bayonne (21 place Paul Bert) avec le soutien de 13 associations (A2ID, ADERSE, ADETEM, AFC, AFIRSE section française, AGRH, AIM, AIRMAP, A-RFGI, ATLAS-AFMI, IAS, IPM et GRT Tétranormalisation). Ce colloque pluridisciplinaire permet de présenter les derniers travaux relatifs à cette thématique concernant les entreprises, les associations sans oublier le secteur public.

Pour en savoir plus, cliquez ici.

À la prochaine…

Ivan Tchotourian

Normes d'encadrement responsabilisation à l'échelle internationale

Responsabilité des entreprises : billet d’humeur sur Contact

Bonjour, vous trouverez sur le blogue Contact de l’Université Laval un article que je viens de publier et portant sur la remise en question progressive de l’irresponsabilité juridique des entreprises : « Haro sur l’irresponsabilité des entreprises » (10 juin 2015). Oscillant entre concrétisation et projet en discussion, ce billet démontre que les juristes évoluent et que la responsabilité sociétale trouve de plus en plus sa place dans le paysage normatif. Voici le début :

La responsabilité sociétale des entreprises (RSE) est devenue un must du droit de l’entreprise. Toutefois, force est de constater que la RSE est difficile à concrétiser. En effet, les juristes dénoncent –parfois avec justesse– le fait que, comme les entreprises ne sont pas incitées à être réellement sociétalement responsables, il ne s’agit que d’une responsabilité de façade. Si ce jugement contient une part de vérité, il convient de ne pas oublier que la promotion de la RSE se traduit aussi par des normes de marché qui ne sont pas en tant que tel du «droit» (entendu comme règle contraignante et impérative), mais qui modèlent les comportements et définissent une norme de conduite. À titre d’exemple, le marché de la réputation est un puissant levier de promotion de la RSE auprès des entreprises. Que cette critique soit justifiée ou non, le droit de l’entreprise est animé depuis quelque temps d’un mouvement cherchant à promouvoir les valeurs sociétales et à donner au droit de la RSE une réalité certaine. Ce mouvement se matérialise de plusieurs manières: le dépassement de règles qu’on pensait acquises, l’adoption de nouvelles règles et l’existence de propositions de loi audacieuses qui, si elles n’en sont qu’au stade de projets, ont le mérite d’exister et de susciter un intense débat d’idées.

À la prochaine…

Ivan Tchotourian

Gouvernance

Jusqu’à quand les agences en conseil de vote continueront-elles à passer entre les mailles du filet ? (Billet invité de Mme Blaise et M. Grand-Jean)

Le séminaire à la maîtrise de Gouvernance de l’entreprise (DRT-7022) dispensé à la Faculté de droit de l’Université Laval entend apporter aux étudiants une réflexion originale sur les liens entre la sphère économico-juridique, la gouvernance des entreprises et les enjeux sociétaux actuels. Le séminaire s’interroge sur le contenu des normes de gouvernance et leur pertinence dans un contexte de profonds questionnements des modèles économique et financier. Dans le cadre de ce séminaire, il est proposé aux étudiants depuis l’hiver 2014 d’avoir une expérience originale de publication de leurs travaux de recherche qui ont porté sur des sujets d’actualité de gouvernance d’entreprise. C’est dans cette optique que s’inscrit cette publication qui utilise un format original de diffusion : le billet de blogue. Cette publication numérique entend contribuer au partager des connaissances à une large échelle (provinciale, fédérale et internationale). Le présent billet expose le résultat des recherches de Mme Virginie Blaise et M. Philippe Grand-Jean. Ce travail a traité de la réaction réglementaire face aux agences en conseil de vote tout en apportant une analyse critique de sa pertinence Je vous en souhaite bonne lecture et suis certain que vous prendrez autant de plaisir à le lire que j’ai pu en prendre à le corriger.

Ivan Tchotourian

Cette question est pertinente au regard des différentes propositions qu’ont faites les autorités canadiennes et françaises saisies de la problématique des agences en conseil de vote.

En effet, depuis une vingtaine d’années le recours croissant aux agences en conseil de vote témoigne d’une prise de contrôle de l’actionnariat par les investisseurs institutionnels dans les sociétés cotées.[1] Ce nouveau rôle des investisseurs institutionnels s’accompagne d’obligations fiduciaires dont celle d’exercer leur droit de vote. L’exercice de ce droit de vote en adéquation avec les exigences de bonnes gouvernances se révèle chronophage et ardu pour ces investisseurs : l’illustration étant le recours accru au vote des actionnaires pour évaluer les rémunérations des dirigeants (principe du Say on pay).[2] Ainsi les courses aux procurations, l’accroissement du devoir d’information continue et la complexité des questions soumises aux actionnaires sont autant de raisons qui poussent les investisseurs institutionnels à avoir recours à l’aide des agences en conseil de vote (ou Proxy Advisor). Celles-ci vont analyser la documentation fournie par les entreprises aux actionnaires ainsi que les questions soumises au vote en assemblée générale, et élaborer des recommandations de vote pour leurs clients.

Cependant, les acteurs du marché ont pu remarquer des dysfonctionnements dans l’exercice de ces fonctions. Il en va ainsi de la qualité du travail de ces agences : vu le délai très court entre les dates de réception de l’information par les actionnaires et celle du jour du vote, ces agences doivent traiter une masse de travail considérable en un laps de temps très court. Pour pallier cet impératif, elles ont recours à des salariés temporaires (dont nous pouvons douter légitimement de leur formation), à des algorithmes standardisés, ce qui a pour conséquence d’une part d’augmenter de façon significative la marge d’erreur dans le travail de ces agences et d’autre part de traiter de manière globale les questions qui leur sont soumises.[3] Par ailleurs, la pluriactivité de certaines de ces agences peut donner naissance à des conflits d’intérêts ; en effet, celles-ci fournissent également du conseil en gouvernance aux entreprises (comme c’est le cas pour ISS Corporate Service, filiale de l’agence en conseil de vote ISS Proxy advisor service). L’exercice de ces deux activités devient problématique quand elles sont exercées de façon concomitante : quand l’agence conseille les dirigeants sur leur gouvernance et qu’elle conseille parallèlement les actionnaires sur le vote par lequel ils vont approuver ou non cette politique de gouvernance. Ainsi le quasi-monopole qu’exercent dans le domaine du conseil de vote un nombre restreint d’agences (notamment les agences américaines ISS et Glass Lewis)[4] et la pluriactivité de ces agences fait craindre un alignement des dirigeants sur un modèle de gouvernance unique dicté par ces « proxy advisor » tant dans leur conseil en gouvernance que dans leur conseil de vote.

Réaction française

Dès 2011, l’Agence française des marchés financiers se saisit de la question avec la recommandation AMF n°2011-06, tout en rappelant l’importance pour les investisseurs institutionnels d’adopter du recul par rapport aux conseils de vote fournis par les agences, elle invite ces agences à adopter des principes qui touchent tant la transparence dans le processus d’élaboration de la politique de vote (l’AMF recommande la publication de leur politique générale de vote et les règles d’analyses qu’elles utilisent, également de s’assurer de la compétence et de l’expérience du personnel formulant ces recommandations) ; mais aussi aux conflits d’intérêts (ces agences devraient mettre en œuvre et faire part des mesures pour prévenir ou régler d’éventuels conflits d’intérêts).[5]

Réaction européenne

L’Agence européenne des marchés financiers va adopter la même approche en février 2013 en optant pour la solution d’autoréglementation des agences via l’adoption par celles-ci de codes de conduites. L’AEMF va énoncer les grands principes qui devront dicter la rédaction de ces codes, nous retrouvons entre autres : l’adoption d’un système de contrôle de l’information donnée aux clients, et la prévention des clients sur les limites de leurs conseils. De plus, le rapport met en avant la nécessaire prise en compte des considérations locales par ces professionnels dans l’élaboration de leurs décisions (qui implique un devoir d’information accru sur les réglementations locales).[6]

Réaction canadienne

Outre Atlantique, les Autorités canadiennes en valeurs mobilières ont en avril 2014 publié un projet d’instruction générale formulant des recommandations quant à la ligne de conduite de que devrait adopter ces agences en conseil de vote. Ces recommandations visent comme son homologue français la transparence (communication des méthodes d’analyses), l’exactitude des informations (communication des éventuelles erreurs et mise à jour régulière des rapports) et la prévention des conflits d’intérêts (mise en place d’un code de conduite, mesure de contrôle interne et externe).[7]

Ainsi, les autorités des marchés financiers canadienne et française ont adopté une position quasi-unanime sur la question des agences en conseil de vote : l’autorégulation. Aucune recommandation n’a de caractère impératif. Nous pouvons dès lors nous interroger sur l’efficacité réelle des codes de conduites recommandés, notamment aux vues de la solution qu’ont finalement adoptées les autorités face des problématiques similaires : celle des cabinets d’audit qui après la crise financière de 2008 se sont vu interdire d’offrir des activités de consultations pour les sociétés pour lesquelles elles offrent des services d’audit, le même principe fut retenu pour les agences de notations.[8]

Virginie Blaise

Philippe Grand-Jean

Étudiants du cours de gouvernance de l’entreprise (DRT-7022)

[1] Aux États-Unis la part des actions détenues par les investisseurs institutionnels est passée de 51,4% en 2000 à 61,2% en 2005 (Sabrina Bruno et Eugenio Ruggiero, « Public compagnies and the Role of Shareholders », Central and South America by Aspen Publishers, 2011).

[2] Pratique organisant dans les entreprises une soumission au vote en assemblée annuelle d’un rapport sur la rémunération des dirigeants, concernant l’influence des proxy advisor sur le « Say on pay » (Stephen Choy, Jill E. Fisch, Marcel Kahan, « The Power of Proxy advisor: Myth or reality ? », University of Pennsylvania, Institute for Law & Economics Research Paper No. 10-24 , 2010, consulté en ligne sur : http://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=1694535)

[3] IGOPP, « Le rôle préoccupant des agences en conseil de vote : quelques recommandations de politique », 2013, consulté en ligne sur : http://igopp.org/wp-content/uploads/2014/07/PP_RolePreoccupantConseilllersVote-pp7_Allaire_FR-singlepage-SHORT_v2.pdf

[4] Selon les ACVM, en 2012 ISS couvrait aux États-Unis environ 61% du marché, 36% pour Glass Lewis (Autorités Canadiennes en valeurs mobilières, « Document de consultation 25-401, « Perspectives de réglementation des agences de conseil en vote », disponible sur : http://www.lautorite.qc.ca/files/pdf/consultations/valeurs-mobilieres/2012juin21-25-401-consultation-fr.pdf).

[5] Recommandation AMF no 2011-06, 18 mars2011.

[6] AEMF, « Feedback statement on the consultation regarding the role of the proxy advisory industry », 19 février 2013, consulté en ligne sur : http://www.esma.europa.eu/system/files/2013-84.pdf.

[7] AMF, « Projet d’Instruction générale 25-201 relative aux indications à l’intention des agences de conseil en vote », consulté en ligne sur : http://www.nbsc-cvmnb.ca/nbsc/uploaded_comment_files/25-201-CSAN-2014-04-24-F.pdf (fait suite au « Document de consultation 25-401 » cité à la note 4).

[8] Article 17g-5, Règlements généraux du Securities Exchange Act of 1934, Partie 240.