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rémunération Structures juridiques

L’OCDE et la finance : focus sur la rémunération et le too big to fail

L’OCDE a publié le 15 juin 2015 un travail de recherche intéressant intitulé : « Finance and inclusive growth » (OECD Economic Policy Paper, No 14, ici). Si le travail est dense et que toutes les thématiques abordées ne touchant pas le blogue, je signale tout de même ces observations de l’OCDE sur la rémunération dans la finance :

  • Observation de l’OCDE : The high level of pay in the financial sector is an important factor behind this link and has fuelled public questioning about the role of the financial sector. Evidence provided in this study shows that the financial sector generally pays its employees more than what workers with similar profiles get elsewhere. This premium increases more than proportionately with remuneration levels and becomes very large at the top. Moreover, male financial sector workers earn a substantial wage premium over female financial sector workers, especially at the top.
  • Solution possible : Compensation reform can help to encourage decision-taking practices that take better account of possible long-term consequences. The large wage premia identified by the empirical analysis, especially at the top, suggests that such reforms can leave the financial sector attractive even if they result in lower pay levels. General efforts to improve gender pay equality would benefit the financial sector, where the gender pay gap is substantial, especially at the top

Notons que concernant la taille des institutions financières et ses conséquences en termes de too big to fail, l’OCDE indique qu’une avenue serait possible : « One way of ending too-big-to-fail would be to break up financial institutions into sufficiently smaller entities. Alternatively, reforms can focus on separating the utility functions of too-big-to-fail banks from their more risky activities and on requiring large institutions to set up credible resolution plans, so that they can be closed orderly if they fail the test of the market place ».

À la lecture de ce document, il ya assurément du travail ! Comme le rappelle l’OCDE, « there can be too much finance ».

À la prochaine…

Ivan Tchotourian

Gouvernance Normes d'encadrement rémunération

Rare pour être signalé : décision judiciaire en matière de rémunération

Bonjour à toutes et à tous, la décision de la Cour d’appel de l’Ontario Unique Broadband Systems, Inc. (Re), 2014 ONCA 538 . M. McGoey, ancien président du conseil d’administration et dirigeant, a été considéré comme ayant violé ses devoirs fiduciaires et s’est vu privé de plusieurs rémunérations considérées comme excessives (notamment le plan dénoué en actions et les boni). Alors que le conseil d’administration avait accordé ces deux formes de rémunération, les actionnaires s’y sont opposés et ont agi en justice…

Morceaux choisis de cette décision rappelant une évidence : les administrateurs ne sont protégé par la règle de l’appréciation commerciale (la fameuse business judgment rule américaine) uniquement s’ils ont agi de bonne foi :


[43]      In my view, the trial judge’s finding that Mr. McGoey’s breached his fiduciary duties to UBS was well supported in the evidence before her and by the lack of any clear explanation from Mr. McGoey as to how the UBS Board decided to establish the SAR Cancellation Awards and the Bonus Pool. For the reasons set forth below, I see no error in the trial judge’s reasoning and in her conclusion that Mr. McGoey’s actions were driven by self-interest, unsupported by any reasonable or objective criteria, and contrary to the best interests of UBS.

[57]      I also agree with the trial judge’s conclusion that the $0.40 unit value was unjustified and unrealistic. It was notionally based on a transaction with Rogers that was far from certain and which had been terminated at the time when the SAR Cancellation Awards were allocated. What the SAR Cancellation Awards really achieved was the removal of the uncertainty that was part of the SAR Plan. Under this new scheme, the recipients’ awards were not dependant on an increase in the share price, the awards would be granted regardless of the trading price of the shares.  This removal of the uncertainty was to the benefit of the recipients and was of no benefit to the corporation.

[60]      There was no documentation that stipulated the performance factors or criteria by which Mr. McGoey’s performance would be evaluated. The trial judge rejected Mr. McGoey’s evidence that the services he provided for Look qualified as the criteria under which he could be awarded a bonus by UBS.  She concluded that, when the UBS bonus was awarded, there were, in fact, no criteria.

[69]      The trial judge also rejected Mr. McGoey’s argument that his actions were undertaken with the assistance of independent legal advice from Mr. McCarthy and, therefore, could not constitute a breach of his fiduciary duties. I agree with the trial judge’s conclusion on this issue. The UBS Board never sought an opinion from Mr. McCarthy regarding the reasonableness of the changes to the SAR Plan and the bonuses. Indeed, the evidence is clear that Mr. McCarthy did not have any information during the relevant time regarding the quantity of the Bonus Award or the SAR Cancellation Awards allocated to Mr. McGoey or to any other director or officer of UBS.

[72]      It must be remembered that the business judgment rule is really just a rebuttable presumption that directors or officers act on an informed basis, in good faith, and in the best interests of the corporation. Courts will defer to business decisions honestly made, but they will not sit idly by when it is clear that a board is engaged in conduct that has no legitimate business purpose and that is in breach of its fiduciary duties. In the present case, there was ample evidence upon which the trial judge could base her conclusion that the presumption had been rebutted.


Bonne lecture et à la prochaine…

Ivan Tchotourian

autres publications Gouvernance rémunération

Dernier numéro de la RFGE !

Bonjour à toutes et à tous, je vous signale que le numéro 15 de juin 2015 de la RFGE est paru récemment. Pour rappel, la RFGE ou Revue française de gouvernance d’entreprise est une revue dédiée à la gouvernance publiée sous l’égide de l’Institut Français des Administrateurs de sociétés (IFA).

Le sommaire est la suivant :

  • Benjamin CHAPAS – Intérêt et gouvernement d’entreprise : une approche « with romance » 
  • Peter WIRTZ – Governance and missionary effectiveness of the Company of Jesus: lessons from an extended theory of governance 
  • Céline CHATELIN, Guillaume GARNOTEL, Stéphane ONNEE &Najib SAIL – De la norme d’indépendance des administrateurs aux pratiques des sociétés du CAC 40. implications juridiques et managériales
  • Ali DARDOUR & Rim BOUSSAADA – Gouvernance d’entreprise et rémunération des dirigeants en France
  • Ghazi ZOUARI & Rim ZOUARI-HADIJI – L’effet des administrateurs internes et de la dualité des fonctions sur la R&D et la performance de la firme : À la recherche d’un modèle intégrateur ?
  • Alexandre POURCHET, Andrée DE SERRES & Bernard DE MONTMORILLON – Une lecture néo-institutionnaliste de l’évolution des activités bancaires et de la gouvernance du Groupe Bancaire Coopératif en France
  • Odile BARBE & Sophie RAIMBAULT – La justification des appréciations : quelle contribution au rapport d’audit sur les comptes consolidés des sociétés cotées françaises ?
  • Kirsten BURKHARDT – Le rôle des sociétés de capital-risque dans la formation d’alliances stratégiques : Une synthèse de littérature Ce guide est disponible en téléchargement sur l’espace documentaire

Rendez-vous ici pour commander ce numéro.

À la prochaine…

Ivan Tchotourian

Gouvernance place des salariés

Actionnariat salarié : photograhie de mai 2015

Bonjour à toutes et à tous, plusieurs études viennent de paraître sur l’actionnariat salarié. Deux grandes tendances peuvent être signalées :

1. La Fédération européenne de l’actionnariat salarié (Feas) a indiqué que l’actionnariat salarié reculait en Europe. Une tendance lourde qui s’est produite en 2014 pour la troisième année d’affilée. Un pays pourtant se distingue des autres : le Royaume-Uni. Entre 2011 et 2014, le nombre d’actionnaires salariés y a progressé de 200.000 personnes, alors qu’il reculait de 500.000 dans le reste de l’Europe. La France demeure en tête du classement européen, comme le prouve le fait que 80 % des entreprises françaises du SBF120 avaient, en 2014, des plans d’actionnariat pour l’ensemble de leurs salariés, contre 47 % des entreprises européennes. Pour en savoir plus, cliquez ici et ici.

2. Les entreprises américaines non-cotées qui proposent un plan d’actionnariat salarié collectif sont 3 fois plus nombreuses qu’en Europe : 33% des sociétés non-cotées aux Etats-Unis proposent un plan d’actionnariat salarié à l’ensemble de leurs collaborateurs contre 11% en Europe. Pour en savoir plus, cliquez ici.

Signalons enfin que les États-Unis ont déposé un projet de loi visant à faciliter l’actionnariat salarié dans les petites entreprises (R. Kind et D. Reichert, Promotion and Expansion of Private Employee Ownership Act) : « The law would expand financing opportunities through tax incentives for S corporations looking to pass ownership of private companies on to employees, and provide technical assistance for setting up the plans, among other things ». À suivre donc même si une telle intiative n’est pas unique sur ces dernières années…

À la prochaine…

Ivan Tchotourian

Normes d'encadrement

Responsabilité sociétale : le climat fait réagir le pape

Récemment dévoilée, l’encyclique Laudato si (191 pages) du pape François vient de définir le message de l’Église catholique sur le délicat sujet environnemental. Dans ce texte, le pape François appelle à une action urgente pour lutter contre le réchauffement climatique. S’appuyant sur les études scientifiques, il attribue ce phénomène pour grande partie à l’homme et à son activité, ainsi qu’à la combustion des énergies fossiles. En dépit du message fort adressé, il apparaît que les solutions sont peu innovantes si ce n’est celle de prôner le rejet du marché de quotas d’émission (source de spéculation).

  • Pour en savoir plus sur le contenu de l’encyclique, cliquez ici pour un bel article du Wall Street Journal et ici pour un dossier du journal La Croix.

Pour accéder au texte du pape, il va falloir attendre demain (jeudi) à 12 h où le texte du pape sera dévoilé… même si les fuites ont été nombreuses !

À la prochaine…

Ivan Tchotourian

Normes d'encadrement

La réputation d’une entreprise comme sanction

Très intéressant article publié dans Les Échos.fr (ici) d’aujourd’hui qui se fait le relais d’une étude publiée par les chercheurs Kirat et Rezaee (« Do financial markets react to regulatory sanctions ? evidence from France ») qui a évalué l’impact boursier des sanctions de l’AMF et leur caractère dissuasif. La publication de la décision de la commission des sanctions de l’AMF à l’encontre d’une société affecterait au moins temporairement la réputation de la société. Comme le relève le journaliste, « les sociétés cotées sanctionnées par l’AMF le sont aussi par les investisseurs.Plus que l’amende, c’est sa médiatisation qui affecte la réputation de l’entreprise ».

Rappelons que le marché de la réputation est devenue centrale et que les sanctions constituent une norme précieuse de gouvernance (elles sont punitives, réparatrices et pédagogiques).

À la prochaine…

Ivan Tchotourian

Gouvernance

Quelle place pour les femmes dans la direction des entreprises françaises ?

Bonjour à toutes et à tous, Le Monde.fr publie le résultat d’une enquête de KPMG sur la place des femmes dans la direction des entreprises (ici). De cette enquête, il se dégage les éléments suivants :

  • Les femmes représentent 14,1 % des dirigeants d’entreprises. Leur part a progressé d’à peine 1,2 point en dix ans. Cependant, plusieurs signes encourageants sont à noter : leur progression au sein des entreprises de plus de 50 salariés, et une montée en puissance des femmes dans des secteurs traditionnellement masculins (industrie agroalimentaire, automobile, énergie)
  • Les femmes deviennent plus souvent dirigeantes par transmission familiale (22 % contre 16 % pour les hommes)
  • La collégialité des dirigeants est devenue une réalité pour une entreprise sur cinq
  • Les femmes ne sont que 8 % à citer en premier « le management » comme difficulté dans l’exercice de leur fonction alors que c’est le cas pour 21 % des hommes. En revanche, « la pression, le stress » arrive en tête des difficultés rencontrées pour 21 % d’entre elles, contre 13 % pour les hommes

Parmi les pistes d’amélioration envisagées, citons : mobiliser les hommes, sensibiliser les jeunes filles tout au long de leur scolarité et promouvoir l’idée de la femme chef d’entreprise, développer la visibilité des réseaux de femmes chefs d’entreprise ou encore mettre en valeur les parcours de dirigeantes (« role models ») et d’équipes dirigeantes mixtes.

À la prochaine…

Ivan Tchotourian